Dans un monde aux ressources limitées et pris dans des enjeux sociaux croissants, des territoires anticipent et s’engagent dans une redirection écologique, accompagnés de leurs agents, habitants, acteurs sociaux-économiques et agents décentralisés de l’État. Des organismes les soutiennent pour veiller au volet des « attachements » sociaux, accompagner les problématiques du travail ou repenser les stratégies. Ces chefs d’entreprises, universitaires, consultants, élus et techniciens repensent collectivement les usages, bifurquent vers d’autres pratiques plus adaptées.
C’est de cela dont il était question lors de la journée de recherche-action « Redirection Toute! », le 9 juin dernier à Grenoble. Vous pouvez retrouver les quatre conférences et leurs résumés dans cet article.
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DES APRÈS-SKI À L'APRÈS SKI
Le changement climatique s’observe concrètement depuis plusieurs années dans les territoires de montagne. Il menace les stations de ski et leur modèle économique. Est-ce que les stations de ski peuvent se transformer ? Faut-il repenser tout le modèle économique ?
Lorsqu’on parle de redirection écologique pour les stations de ski, plusieurs voies coexistent. Emmanuel Bonnet, enseignant chercheur à l’ESC Clermont Business School, identifie trois trajectoires possibles : forcer le possible, la diversification et le renoncement. Des orientations difficiles à prendre, qui laisse la place à un autre futur, dont on ne sait pas encore de quoi il sera fait.
« On pense toujours que le futur doit être désirable, mais personnellement, je n’en suis pas sûr. »
Emmanuel Bonnet, enseignant chercheur à l’ESC Clermont Business School
Contexte
Transformer une station de ski, c’est prendre en compte la gouvernance tentaculaire qui la compose. (21min15″) Stéphane Durand, consultant à Synergie et Développement en Savoie, revient sur le fonctionnement d’une station, ses liens avec son territoire et les territoires au-delà.
Car pour fonctionner, une station demande de l’énergie, des infrastructures de communication, des routes, des écoles (pour les enfants des saisonniers), de l’eau (notamment pour la neige de culture), du transport ferroviaire, de la clientèle étrangère (les locaux ne suffisent pas), des marchandises, un traitement important des déchets, des hôpitaux, etc. L’ensemble de cette organisation engendre des flux importants avec les villes situées dans les vallées.
Stéphane Durand soulève la problématique de la gouvernance de ces stations. « Elles se font à l’échelle de la station. Ça pose question car ces acteurs ne voient pas tous les impacts et les besoins qu’ils génèrent en dehors de leur territoire. Nous avons besoin d’une ingénierie dédiée qui prend en compte les effets systémiques des stations. »
SCOT annulé
(53min40″) Martine Noraz est co-présidente de l’association Vivre et Agir en Maurienne, en Savoie. Mais elle est également l’ancienne maire de Valmeinier. Elle témoigne ici de l’annulation, le 30 mai 2023, du Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) de la Maurienne. « Dans les stations de ski, on était reparti sur de la construction de lits, des liaisons entre domaines skiables. […] Ce qui devait être un projet de territoire de toute la vallée de la Maurienne, en était arrivé à ce que chaque station, dans son coin, phagocyte ses demandes, portant uniquement sur leurs besoins internes. »
Pour Martine Noraz, l’objectif aujourd’hui est d’écouter les citoyens du territoire. De son expérience, elle analyse aussi que les stations de sports d’hiver ont d’énormes enjeux financiers et économiques, portés par des territoires qui n’étaient pas habitués à ça.
« Si on veut repenser l’avenir pour les stations, il faut les repenser au moins à l’échelle d’un territoire. En Maurienne, on peut faire autre chose que du tourisme » Elle met notamment l’accent sur l’agriculture et le fort passé industriel de la région.
Le renoncement
Plusieurs stations de sports d’hiver ont commencé à passer à l’action pour trouver d’autres modèles économiques à leur territoire. C’est le cas de Métabief, située dans le Haut-Doubs. En raison de problématiques techniques et financières, la station ne peut pas investir dans des remontées mécaniques neuves. À ce rythme, la fin su ski est prévue pour 2030. Un choix subit, pas choisit. « Moi je dis qu’il faut savoir arrêter en 2030, assume Olivier Erard, chef de la transition de la station. Puis, il y a ceux qui ont plus de mal. Mais cette lame de fond est posée et elle est puissante. » En effet, pour Métabief, la démarche de transformation passe par le renoncement. Un axe différent de la voie qu’offre la diversification des activités. Il revient sur les étapes fondatrices qui ont conduit le projet. (17min50″)
Une fois le constat établi, « s’en suit un grand vide » se remémore Olivier Erard. Car il le précise, l’arrêt du ski c’est une perte de 40 à 50% de l’économie touristique du territoire. En 2019, un pôle ingénierie est créé. Il a vocation à se positionner dans, et en dehors, du système. Pour éclairer au mieux sur les perspectives d’avenir. C’est le ski qui finance ce pôle, pour sa propre transformation.
Au sein de ce pôle, « notre posture, explique Oliver Erard, c’est d’accepter qu’on est dans la complexité, et non pas dans la complication. C’est faire émerger des solutions au plus près du terrain. Ça passe par des échecs. On est en plein inconfort. Mais on sent qu’on est en pleine transformation ». Autre enjeu selon lui, mettre de l’énergie et du temps sur l’organisation des jeux de pouvoirs. Et enfin, « accepter qu’on est dans la diffusion d’une innovation sociétale », et donc que c’est normal que beaucoup de gens ne soient pas encore convaincu.
Tout est déjà là
(30min40″) Emmanuel Bonnet enquête depuis trois ans sur la petite station du Sancy, Chastreix. La commune de 240 habitants est en déclin démographique important. Consciente que la station manque de plus en plus de neige, la diversification des activités est envisagée. Mais tout est déjà là : le centre équestre, les compétences humaines, etc. Pour le professeur, ce cas est typique de ce qui peut arriver aux grandes stations. Il faut savoir utiliser l’existant, s’appuyer sur les compétences et le patrimoine local pour continuer à attirer en dehors du ski.
Nourri des nombreux échanges qu’il a pu avoir avec les acteurs du territoire, il distingue différents troubles pour chacun, par rapport au changement climatique en station. Il essaie de montrer des voix souvent invisibilisées, parfois marginalisées. Et notamment celles de Michel Babut, le maire de Chastreix et Particia Vergnol, accompagnatrice en montagne. (33min33″)
Il amène une fois par an ses étudiants du master anthropocène de l’ESC Clermont Business School à la station. Ensemble, ils ont abouti à une analyse. Comment passer de la performance (technique, sportive) à la douceur ? De l’attractivité à l’hospitalité ? Du visiteur à la réciprocité ? De la diversification comme récit unique imposé, à la diversité présente à réactiver ?
Lucidité
(42min57″) Fiona Mille est présidente de Mountain Wilderness France, une association qui oeuvre depuis 30 ans à la protection de la montagne et la cohabitation homme-nature.
Elle constate trois besoins, trois enjeux au niveau national. D’abord, un manque de lucidité général. « Les acteurs ont connaissance des événements liés au dérèglement climatique mais ne les acceptent pas. » Un manque de lucidité également sur les impacts économiques. Elle relève des « sentiers de dépendances », notamment au niveau des politiques d’investissement sur les canons à neige. « Certaines stations sont à 40% d’enneigement dû aux canons à neige, avec des subventions publiques allant jusqu’à 80%. Cela incarne l’impossibilité à se projeter sur un nouveau modèle économique » selon elle.
Autre point, les résultats des stations à l’hiver 2023. « En Isère, deux stations sont dans le positif : Les Deux Alpes et l’Alpe d’Huez. Toutes les autres sont dans le négatif » relate Fiona Mille. Malgré cela, son association constate que la montagne de demain continue d’être pensée avec des investissements dans l’immobilier. Alors que « 30 à 50% des lits sont inoccupés à l’année ». Fiona Mille prévient qu’à ce rythme, « on va dans une impasse écologique et économique ».
Pour remédier à cela, elle souligne le besoin de formation des élus et des agents. Elle-même travaille sur cet aspect avec La Fabrique des Transitions, « dans le cadre du plan Avenir Montagne, nous formons 60 agents et élus à ces sujets. Comment on accepte que le ski fasse partie de notre territoire, c’est un héritage, mais comment on va engager une nouvelle vision ? […] Est-ce que renoncer à une activité qui existe depuis les années 60, c’est renoncer à tout l’émerveillement que nous apporte la montagne ? Je ne pense pas. »
Enfin, troisième enjeu à ses yeux : fédérer les acteurs. Elle observe un manque de dialogue entre les différents acteurs. « Nous avons de la chance d’avoir des collectifs de citoyens attachés au territoire qui se développent. Soit on les voit comme des freins, des menaces, soit comme des énergies. » Pour créer un dialogue, Mountain Wilderness France a organisé en 2021 les État généraux de la transition du tourisme en montagne. (51min28″)
LES GRANDS PROJETS INUTILES
Pour appuyer “l’absurdie” que représente le projet à ses yeux, la présidente du Collectif d’élus pour le Climat et Contre le Terminal 4 (CECCT4), formé en mars 2020, énumère les dégâts que peut causer l’exposition aux nuisances sonores des couloirs aériens : troubles du sommeil, difficultés de concentration et d’apprentissage, l’agressivité liée à la fatigue, l’hypertension, les maladies cardio-vasculaires. “C’est quand même jusqu’à 3 ans de vie en bonne santé en moins pour près de 2 millions de Franciliens qui vivent sous les couloirs aériens”, souligne Eugénie Ponthier.
Si l’ADEME estime les coûts provoqués par le bruit aérien à 6 milliards d’euros annuels, l’autre grand sujet lié à l’activité de l’aviation réside dans la pollution de l’air. Selon l’adjointe au maire d’Epinay-sur-Seine, le secteur de l’aviation est “le seul à ne pas avoir réduit ses émissions de dioxyde d’azote”.
Pour convaincre les élus franciliens de rejoindre le mouvement, le collectif d’action contre le Terminal 4 de Roissy-CDG a exposé ces constats de nuisances. “La plupart de nos interlocuteurs ont répondu que la question économique [prévalait] sur la santé et le climat et que ce combat les dépasse complètement”, rapporte Eugénie Ponthier.
L’extension de Roissy-CDG, symbole de la double impasse des projets industriels et commerciaux
Cet argument du fourmillement économique a été contesté. Une étude menée par l’Origens Media Lab en collaboration avec le Master en Stratégie et Design pour l’Anthropocène a proposé des alternatives économiques au projet de création du Terminal 4 de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.(6m40″)
Premier constat : la réponse du projet aux 18% de chômage sur les territoires de Roissy-Pays de France et de Paris Terres d’Envol n’est pas si verte que promise. Si la création du Terminal 4 devait amener “50 000 emplois directs et jusqu’à 225 000 emplois indirects” selon Aéroports de Paris, cela aurait principalement concerné des travailleurs qualifiés.
Or, la population locale étant en majeure partie composée de travailleurs précaires et peu qualifiés, un cercle vicieux se serait mis en marche sur le plan sociétal.
En effet, en raison d’un cadre de vie dégradé et entaché des nuisances liées à l’aéroport, les travailleurs qualifiés s’emparent des emplois mais ne viennent pas habiter sur le territoire.
La politique d’attractivité par l’emploi augmente les inégalités sociales et renforce le statut de villes-dortoirs des communes situées en périphérie de l’aéroport.
D’autre part, le territoire est en situation de tension foncière avec 2% d’espaces naturels restants sur la zone aéroportuaire. En plus du frein sociétal, la deuxième impasse se veut donc environnementale.
Selon l’étude, le besoin réel est de créer des emplois adaptés aux profils des travailleurs locaux, dont la moyenne est peu qualifiée, et d’améliorer le cadre de vie sur le territoire. Parmi les solutions proposées, des gisements d’emplois liés à la transition écologique (agroécologie, filière vélo, rénovation énergétique, etc.) et à la réponse des besoins des locaux (santé, travail social, éducation, culture, etc.) se sont détachés de cette étude.
La mobilisation des acteurs locaux pour leurs besoins et ceux de leur territoire
Au gré de mobilisation et d’une action de manifestation devant le ministère de la Transition écologique, Eugénie Ponthier rapporte que le collectif d’élus a obtenu des dires du ministre Clément Beaune qu’il y avait “non-assistance à personnes en danger”. Finalement, le projet de construction du Terminal 4 a été abandonné par le gouvernement en 2021.
Forts de cette première bataille gagnée, les élus locaux se sont fédérés autour de la lutte pour la réduction du trafic aérien, de l’étude sur la prévention du bruit dans l’environnement de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Ils ont aussi lancé un mouvement pour l’encadrement des heures de vol “pour que les habitants aient la possibilité de dormir huit heures d’affilée la nuit, comme le préconise l’OMS” explique Eugénie Ponthier.
Pour décrire les stratégies employées par les porteurs de grands projets, Daniel Ibanez, fondateur des Rencontres annuelles des lanceurs d’alerte, cite les points suivants : “discréditation des opposants, relevé de l’incapacité des opposants à proposer des alternatives viables, avancée des arguments du développement et du désenclavement des territoires concernés”.
Dans son intervention, Daniel Ibanez(22m30″ – 33m40″) décrit le paradoxe des politiques territoriales qui visent à agencer leurs espaces pour servir l’activité commerciale et touristique. En souhaitant gagner en puissance économique, ces territoires travestissent la culture et l’identité locales tout en augmentant l’impact de leurs activités sur l’environnement – et donc leurs propres espaces de vie. Le tout, sans structurer un gisement d’emplois pérenne. Face à ce constat, Daniel Ibañez a co-rédigé une proposition de projet de loi pour l’isolation des bâtiments à l’échelle nationale. “Il existe un marché d’au moins mille milliards sur l’isolation des bâtiments. Là, c’est vraiment de la création d’emplois pour une activité essentielle et pérenne”, souligne-t-il.
Valérie Paumier, fondatrice de l’association Résilience Montagne, montre l’importance de porter les “projets d’État comme celui de La Clusaz” devant les tribunaux afin de “faire reconnaître ou non leur utilité publique”.
Porté par la commune, le projet de retenues d’eau collinaires est, selon Valérie Paumier, “voué à augmenter la couverture de terrain en neige artificielle” pour “assurer le ski au pied aux promoteurs immobiliers des résidences du bas de la vallée”. Elle décrit l’impact en cascades qu’aurait la promulgation de ce chantier qui fait office de jurisprudence pour les quelque 200 projets de retenues collinaires prévus dans les Alpes : hausse de prix des résidences, maintien du modèle économique du “tout-ski” avec les banques et le marché de l’immobilier rassurés, construction de bâtiments neufs et donc freinage de la réhabilitation et de la rénovation énergétique des bâtiments existants.
Face à la prégnance de “ce microcosme”, Valérie Paumier déplore la réticence des autorités publiques à infirmer de tels projets. Et ce, malgré la mobilisation “des jeunes et moins jeunes au sein d’associations” et l’évidente nuisance qu’ont ces actions de conformisation aux besoins commerciaux et touristiques sur le climat et l’environnement.
L'EAU, SES USAGES NE COULENT PLUS DE SOURCE ?
TRANSFORMATIONS INTERNES ET ALLIANCES
Dans cette quatrième table ronde, les participants évoquent de quelle manière les enjeux de transition écologique atterrissent dans les collectivités. Une attention particulière est donnée à la modification des emplois et des compétences des agents de la fonction publique.
Pour travailler, on a besoin des milieux. Ils sont déterminants pour l’avenir des conditions de travail.» Vincent Mandinaud, chargé de mission à L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), plante le décor dès le début. Car dans une perspective de transition écologique, il faut prendre en compte l’évolution des milieux dans lesquels nous travaillons et vivons au quotidien. Quand il fait trop chaud, tous les domaines sont affectés. Pour ceux qui travaillent en intérieur, comme pour ceux qui travaillent en extérieur, la santé des employés peut se dégrader rapidement sans conditions de travail adaptées.
L’enjeu pour Vincent Mandinaud est de reconfigurer les modes et les conditions de travail au prisme des ces changements climatiques. Cela conduit à revisiter le modèle productiviste actuel, sur lequel une majorité de métiers sont alignés. Le tout, en dialoguant avec toutes les parties prenantes.
Pour cela, L’Anact s’est donné trois orientations. (3m33″) Tout d’abord, veiller à ce que la transition écologique ne dégrade pas les conditions de travail. En retour, veiller à ce que l’amélioration des conditions de travail contribue à la transition écologique. Vincent Mandinaud prend l’exemple de la rénovation énergétique des bâtiments. Un chantier titanesque qui n’attire pas. Pour réussir cette transition, il faudra donc améliorer l’attractivité de ces métiers. Enfin, veiller à ce que la transition écologique soutienne l’amélioration des conditions de travail, en faisant converger les acteurs sur ce point d’attention.
« Ce sont les gens qui occupent des postes amenés à disparaître qui vont aussi devoir contribuer à leur transformation »
Alexandre Monnin, professeur à l’ESC Clermont Business School
Alexandre Monnin, professeur à l’ESC Clermont Business School en redirection écologique et design, fait le constat que le travail a été négligé dans la vision de l’écologie ces dernières années. Une erreur, selon lui. Car cela conduit à dire qu’il y a un déclin de compétences dans des secteurs-clés de demain (comme le bâtiment) et que de l’autre côté, des travailleurs vont voir leur métier se transformer ou pire, disparaître. (24m47″) « C’est une mauvaise manière de poser les enjeux. Il faut faire du travail un levier privilégié de redirection. Ce sont les gens qui occupent des postes amenés à disparaître qui vont aussi devoir contribuer à leur transformation. Il va falloir s’appuyer sur leurs savoirs et savoir-faire existants. Savoir aussi ce qui ne fonctionne pas, ce qu’on ne veut pas garder.»
(20min40″) Manon Laveau, animatrice de la communauté au Printemps écologique, donne justement des exemples de dialogues sociaux qui peuvent faciliter les mutations des métiers. C’est le cas du CV de site. Il consiste à faire l’inventaire de compétences individuelles et collectives des employés d’un site pour envisager une autre activité, plus souhaitable pour les enjeux à venir.
Alexandre Monnin confirme : (27min37″) « Des dispositifs sont en train d’être imaginés pour une nouvelle forme de protection sociale dans ce passage d’une activité à une autre. » Des dispositifs qui réuniront de nombreux acteurs, dont des employés et des syndicats. Des parties prenantes indispensables pour Manon Laveau. Elle-même chargée d’outiller les employés à être acteur de la redirection écologique de leur organisation. Le but ? Que les conditions de travail ne se dégradent pas. Elle appuie le fait que les organisations syndicales peuvent soutenir cette transformation : (20min20″) « Elles sont expertes sur les questions d’organisation et de condition du travail. Depuis la loi climat et résilience, elles ont aussi une légitimité acquise sur les enjeux écologiques. »
« En tant qu’employeur, nous devons agir. Cet AMI doit nous servir à accélérer notre vitesse de réaction. Comment adapter nos organisations de travail ? Comment trouver des solutions intelligentes avec nos agents ? »
Pierre Meriaux, adjoint au personnel, à l’immobilier municipal et à la stratégie numérique de Grenoble
Pour garder le cap de ses orientations, l’Anact s’est dotée de deux instruments : un fond pour l’amélioration des conditions de travail et La Fabrique des conditions de travail et d’organisation. Elle sert notamment à financer des projets. Vincent Mandinaud donne quelques exemples de projets retenus (5min54″). S’agissant de Grenoble, la question est de savoir comment prendre soin de la gouvernance en cette période de bifurcation. « Pour nous, c’est important d’enquêter, de documenter, de faire le travail d’expert sur les conditions de travail mais aussi de facilitateur de projets et surtout, d’assembler les énergies qui essaient de clarifier une situation troublée. »
(8min12″) Pierre Meriaux, adjoint au personnel, à l’immobilier municipal et à la stratégie numérique de Grenoble justifie la réponse de la ville à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) : « On est visé par des épisodes de surchauffe dans les écoles dès le mois de mai et ça devient inconfortable. (…) En tant qu’employeur, nous devons agir. Cet AMI doit nous servir à accélérer notre vitesse de réaction. Comment adapter nos organisations de travail ? Comment trouver des solutions intelligentes avec nos agents ? ».
L’élu met également l’accent sur les formations professionnelles. De nombreux agents ont participé à la fresque du climat mais « c’est insuffisant, c’est un premier niveau de prise de conscience ». Selon lui, il faudrait plus de formations sur la sobriété de manière générale (numérique, des espaces de travail, etc). Pierre Meriaux note également que le plan de sobriété mis en place par la ville de Grenoble à l’hiver 2022 (et qui va être pérennisé) a agi comme un révélateur des enjeux à venir pour certains agents. Des discussions sur la nécessité d’une redirection écologique ont pu être engagées.
(14min22″) Bastien Marchand, consultant pour Auxilia Conseil et doctorant en redirection écologique a pris la ville de Grenoble comme terrain d’enquête. Son objectif ? Définir le rôle d’une collectivité dans l’Anthropocène. Ses premières réflexions l’ont mené à constater que la collectivité se voit comme « une actrice qui doit mettre à disposition des biens et des services ». D’autres perspectives existent (16min04″). Il mentionne les travaux d’Edina Soldo, professeure à l’Institut de Management Public et Gouvernance Territoriale d’Aix-Marseille. « Elle propose de faire passer ce rôle de mise à disposition à un rôle de mise à l’agenda. Elle estime que les collectivités pourraient avoir pour rôle de mettre à l’agenda des problématiques, des questions d’intérêt général et d’organiser ensuite des discussions démocratiques à ce niveau. »
Les agents, même non sensibilisés aux enjeux de transition écologique, sont les premiers acteurs des mutations de leurs métiers. Pour qu’elles réussissent, les transformations devront impliquer un large panel d’acteurs du territoire. Autant pour identifier les besoins que pour faciliter les transitions professionnelles.