Coopérations entre collectivités publiques et acteurs de la recherche : le projet Color Circle fait un premier bilan

Color Circle est un projet européen visant à faire collaborer des collectivités publiques locales avec des acteurs du monde de la recherche. Objectif : permettre à chacun de s’inspirer des bonnes pratiques des autres dans le domaine de l’économie circulaire. Après un premier round de trois années d’échanges, l’initiative va passer dans une deuxième phase de « passage à l’action »

Il y a trois ans, pour le lancement du programme Color Circle, nous avions décidé de vous parler de cette initiative innovante à travers une tribune de deux de ses membres Jordana A. Harriss, Coordinatrice du projet et Florence Catanèse, Chargée de mission Innovation et projets européens. Cette fois-ci, nous avons souhaité faire le point et c’est Svenja Frot, chargée de mission Color Circle pour Hesam Université qui répond à nos questions

Qu’est ce que le projet COLOR CIRCLE ?
COLOR CIRCLE, soutenu par INTERREG Europe, porte sur la coopération entre collectivités territoriales et acteurs de la recherche dans le domaine de l’économie circulaire. Il associe autour d’HESAM Université : la région Bourgogne-Franche-Comté en France, la Province de Grenade en Espagne, la Bohème centrale en République tchèque, l’Agence régionale de développement de la Région Centru en Roumanie–– et l’Université Van Hall Larenstein aux Pays-Bas. Le programme INTERREG Europe encourage le partage de bonnes pratiques entre régions européennes.

Une première phase d’apprentissage entre régions aura duré trois ans. La deuxième phase, à partir du mois d’août 2022 jusqu’en juillet 2023, portera sur l’amélioration des politiques publiques des partenaires à partir des exemples découverts dans le cadre de la première phase. Les différentes activités sont inspirées de projets variés tels que la création d’un living lab sur l’économie circulaire, la création de nouvelles chaines de valeur ou encore le programme 1000 doctorants pour les territoires, qui promeut l’emploi par les collectivités de doctorants en thèse CIFRE.

Quel est son objectif ?
Les six partenaires ont initié le projet COLOR CIRCLE pour créer des coopérations entre territoires et acteurs de la recherche et de l’innovation sur des projets d’économie circulaire. L’objectif principal est de soutenir l’appropriation des résultats de la recherche par les collectivités locales et de faire de l’économie circulaire une politique publique transectorielle dans chacun des agendas politiques.

Le projet arrive à la fin de sa première échéance, que s’est-il passé comme actions ?
Malgré la pandémie qui a empêché les partenaires et les acteurs locaux de se rencontrer, COLOR CIRCLE a permis en trois ans d’organiser cinq temps d’apprentissage au niveau européen (entre partenaires et acteurs locaux), complétés et nourris par des séances de travail au sein de chaque territoire tous les semestres. Le projet repose sur l’identification de bonnes pratiques dans chacun des territoires en lien avec l’économie circulaire (notion de ressource, recyclage / remploi, modèle de structuration de la recherche…). Les partenaires ont également réalisé une cartographie de leur territoire pour mieux connaitre et comprendre l’existant et les besoins de chacun avant de travailler à un plan d’actions, au cœur de la phase 2.

Dans chaque territoire, des projets d’économie circulaire matures ont pu être identifiés avant même le lancement de COLOR CIRCLE. Il manquait principalement à ces acteurs une mise en réseau au niveau régional et européen ainsi que de meilleures structurations en interne et connaissance des activités de chacun et bonnes pratiques existantes. COLOR CIRCLE s’est appuyé sur cette volonté des acteurs de travailler ensemble : le projet a résulté en des collaborations réussies entre chercheurs, élus de petites collectivités et associations. En octobre 2021, des chercheurs néerlandais ont ainsi rencontré des élus locaux de notre partenaire roumain. Cette visite illustre le principe même de la politique de cohésion incarné par Interreg Europe : l’enrichissement mutuel. Si nos partenaires néerlandais ont fait bénéficier les acteurs roumains de leur expertise scientifique reconnue nationalement et internationalement en matière d’économie circulaire, ils ont également découvert des pratiques locales qu’ils vont rapporter chez eux. Enfin, COLOR CIRCLE a également permis à des acteurs de la recherche travaillant sur des thématiques proches avec des collectivités de se rencontrer : l’ENSAM Cluny et l’Université de Grenade, actrices reconnues de la valorisation du bois, ont initié dans le cadre du projet INTERREG Europe une collaboration. Par ailleurs, COLOR CIRCLE a renforcé la structuration des acteurs locaux et les relations infrarégionales en permettant à chaque organisation de rencontrer et identifier ses interlocuteurs.

À quoi ressemblera la deuxième phase du projet ?
La deuxième phase du projet sera principalement articulée autour de 2 axes de travail. Tout d’abord des activités plus régionales avec la mise en œuvre des activités des plans d’action. Chaque partenaire va appliquer, adapter ce qu’il a découvert pendant trois ans à la réalité de son territoire
Puis il y aura un événement final de dissémination que l’on espère en présentiel à Bruxelles avec une présentation du projet, de nos bonnes pratiques et de nos activités. Cette deuxième phase s’inscrit véritablement dans une dynamique de partage avec l’ensemble des acteurs intéressés à l’échelle de toute l’Union européenne par l’économie circulaire, les coopérations entre les collectivités territoriales et la recherche.

Comment réussir à faire travailler ensemble localement des acteurs qui ne sont pas forcément habitués à collaborer ?
Au début du projet, en 2019, les partenaires ont dû identifier ces acteurs, ce qui a pu être plus long dans certains territoires que dans d’autres à cause de la structuration différente et de l’état de la connaissance de chacun sur l’économie circulaire. Lors des premières réunions, nous avons cependant relevé que l’ensemble des acteurs locaux étaient très curieux de travailler ensemble, de découvrir ce qui faisait sur leur propre territoire, mais également de s’enrichir des pratiques de partenaires européens. On a pu voir une véritable volonté de travailler ensemble. En effet, les acteurs locaux étaient présents à chaque activité européenne. Ils ont pu poser des questions sur les projets des partenaires européens et présenter leurs propres activités. Des partenaires ont également créé des structures qui vont perdurer dans le temps pour que leurs acteurs locaux continuent de se rencontrer après la fin du projet.

Pour conclure, ce qui a rendu possible ce projet, c’est véritablement la complémentarité de ses acteurs- associations, chercheurs, collectivités infrarégionales – et la possibilité donnée à chacun d’interroger l’auteur d’une bonne pratique sur sa mise en œuvre, son adaptabilité.