CoVe (84) : Une régie publique pour développer les projets photovoltaïques

Cette semaine la lettre de l’impact positif vous propose de découvrir une initiative de la Communauté d’Agglomération Ventoux Comtat Venaissin (CoVe). Pour atteindre son objectif d’être un territoire à énergie positive d’ici 2045, l’intercommunalité a développé une régie publique. Son idée ? investir, sans passer par un tiers, dans des projets photovoltaïques sur ses bâtiments publics. La CoVe travaille aussi avec les communes afin de les aider à monter leurs projets. Objectif : que l’exemplarité des collectivités publiques poussent l’ensemble des acteurs du territoire à s’engager. 

Nous vous proposons pour en savoir plus de découvrir l’interview croisée de Geneviève Boissin, responsable du service environnement et énergie et d’Aurélie Richard, conseillère transition énergétique à la Communauté d’Agglomération Ventoux Comtat Venaissin.

En introduction, découvrez notre reportage vidéo ci-dessous :

Votre régie publique photovoltaïque, qu’est-ce que c’est ? 

Une régie publique est le choix que fait une collectivité d’investir en propre dans ses centrales photovoltaïques. Au lieu de laisser la place à un tiers, elle souhaite investir, avec ses propres deniers, pour développer ses projets de centrales photovoltaïques. L’objectif principal est de faire en sorte que les revenus de la vente ou de la consommation d’énergies soient le bénéfice de la propre intercommunalité. 

Quels sont les bénéfices d’un tel fonctionnement ? 

Tout cela permet particulièrement de garder une maîtrise sur les projets et de considérer cela comme un placement d’avenir. Les dizaines de milliers d’euros que nous avons investis dans les centrales photovoltaïques, c’est du pur investissement. Dans 5 ou 10 ans, de l’argent va rentrer à nouveau. Cela nous permettra d’aller plus loin sur d’autres projets. 

Comment tout cela a commencé ? 

En 2019, au début du plan climat. Une de nos ambitions était d’avoir un territoire à énergie positive en 2045, avec comme but de passer de 6 % d’autonomie énergétique à 110 %. Ainsi, pour franchir cette (haute) marche, le développement des énergies renouvelables était la première entrée indispensable à réaliser. En 2019, nous avons lancé une étude en groupement avec les communes volontaires, celles qui souhaitaient étudier avec nous leur patrimoine public. L’objectif était de répondre à la question concernant l’aptitude de nos bâtiments à recevoir du solaire. Les élus avaient comme volonté très forte de commencer avant tout par eux même afin de montrer l’exemple aux autres partenaires ou acteurs présents sur le territoire. 

Quelle a été l’importance de l’étude réalisée en amont de la création de la régie ? 

Nous souhaitons devenir un territoire TEPOS. Pour y arriver, la production ne peut pas se faire uniquement les écoles ou les mairies. Cela ne serait pas suffisant. Pour amorcer la pompe et montrer aux acteurs du territoire que cela est possible, nous avons souhaité questionner notre patrimoine et comment nous pouvions l’équiper. C’est une idée d’exemplarité. Dans le cadre du Plan Climat, nous faisons de la coordination des acteurs. Nous allons les voir afin de connaître leur potentiel sur leurs bâtiments ou parkings. C’est plus facile quand vous expliquez que vous aussi vous avez commencez. Cette étude est un accompagnement à la réflexion. Elle permettait notamment d’obtenir des chiffres justifiant de la légitimité du projet. D’un point de vue psychologique, ça a été un moment important. Un déclenchement qui permettait d’aller vers la transition et qui pousserait les élus à se demander comment leur patrimoine pourrait être utilisé afin de développer ces techniques. 

Comment êtes-vous arrivés jusqu’à l’idée de la régie ? 

Quand nous avons déroulé l’étude, le bureau d’étude nous a accompagnés sur les différents montages. Nous savions qu’il y avait des centrales photovoltaïques, mais nous ne connaissions pas la manière dont nous pouvions les monter. Le bureau d’étude nous a expliqué que nous pouvions le faire avec un tiers privé ou citoyen ou alors il y avait la possibilité de le monter en régie. C’est ainsi que nous avons découvert que, si investir en propre nous semblait très complexe, c’était finalement tout à fait faisable. Il a ensuite fallu convaincre les élus. Puis créer une équipe projet. Ensuite c’est une régie comme il en existe dans d’autres domaines.  

Quel est le fonctionnement de l’équipe projet  ?

Pour mener à bien tous ces projets, la collectivité a souhaité créer une équipe projet constituée de plusieurs agents à de différents services (service des finances, bâtiment et environnement notamment). Cela permet d’avoir une équipe avec toutes les compétences requises réunies, et ainsi avoir de différents points de vue notamment sur les projets. Cela évite beaucoup d’écueils et permet d’identifier dès le début quels pourraient être les futurs points d’accroche.

Comment tout cela fonctionne au quotidien ? 

Au quotidien, c’est de la gestion et du suivi de projets. Nous avons développé des outils juridiques afin de faciliter les consultations pour ensuite consulter nos entreprises, enfin il y a une phase d’opérationnalité qui relève du jour le jour. Pour avoir une vue sur l’évolution du projet avec nos partenaires et d’accompagner le développement de ce dernier jusqu’à sa mise en service.

Quels sont les projets déjà mis en place ? 

Pour le moment, nous en sommes à deux. Ils ont été mis en service en octobre et décembre de l’année dernière. Nous en avons d’autres en cours pour cette année. Nous devrions en avoir trois de plus. L’année suivante, il y en aura d’autres notamment. Certains sont encore à l’arbitrage, mais normalement, cela devrait nous faire un total de 9 sites mis en service, pour quasiment 1,5 mégawatt, qui est à peu près la production de 400 foyers.

Quels conseils donneriez-vous à des élus ou à des agents d’une autre intercommunalité ? 

Le fait d’avoir en régie l’investissement dans des centrales photovoltaïques vous permet de garder une vraie maîtrise ainsi qu’une valorisation de votre potentiel. L’investissement dans une régie permet de développer les énergies renouvelables dans le temps. Vous pouvez créer votre centrale voltaïque avec un tiers mais dans ce cas une grande partie des revenus ne vous reviendront pas. C’est un réel investissement sur l’avenir et au regard du prix des énergies, c’est quelque chose de nos jours, de non-négligeable. Cet investissement vous reviendra dans tous les cas à moyen ou à court terme.

Sur 3 ans, vous allez investir 1,8 millions d’euros ?  

C’est ce que nous avons programmé. Suite à l’étude nous avons identifié un certain nombre de sites intercommunaux potentiels, nous en avons éliminé certains et priorisé d’autres. Alors on s’est dit que nous allions programmer sur trois années en fonction de la facilité, du coût, des projets prévus. Ainsi, nous avons programmé sur trois ans la réalisation de neuf centrales. Cela nous permet d’avoir une programmation et de lancer nos marchés au fur et à mesure pour que tout ne se bouscule pas.

Cette initiative a été détectée avec l’aide de nos amis d’Intercommunalités de France dans le cadre de leur étude « Financer la transition écologique » que vous pouvez découvrir en cliquant ici.

Description : Quels sont les besoins financiers pour la transition écologique et énergétique, en fonctionnement et en investissement ? Les dispositifs de financement actuels sont-ils adaptés aux projets portés par les intercommunalités ? Quels sont les enjeux auxquels les intercommunalités sont confrontées pour financer ces projets ? Ces trois questions structurent cette étude d’Intercommunalités de France.