
La commune de Morières-lès-Avignon, membre de Territoires Audacieux, s’est lancée dans la réhabilitation d’un parc situé dans son centre-ville. Le projet doit permettre à la collectivité de créer un nouveau lieu de vie pour les habitants autour du patrimoine historique du territoire et des associations culturelles déjà présentes sur place. Pour y arriver, l’équipe municipale a ajouté à son initiative une dimension multi-partenariale, public-privé, en sollicitant une école d’art et de design pour créer des bancs en ré-utilisant d’anciens tonneaux de vin.
Patrick Duval, Adjoint à la culture et aux associations et Vincent Rey, Directeur général des Services ont répondu à nos questions pour en savoir plus sur un projet qui a été récompensé par le prix Fimbacte cette année.
À quels enjeux de votre territoire ce projet répond-il ?
Il y a tout d’abord un besoin de nature de la part des administrés. À l’extérieur, nous avons des parcours et des promenades dans les vignes ou dans les collines. Mais c’est vrai que l’on manque d’espaces verts en centre-ville. Nous avions ce parc qui avait été négligé au profit du bâti car il y a l’Hôtel de Folard qui s’y situe. Il a été construit à partir de 1710. Il a été rénové complètement et c’est une réussite. Mais le parc avait été négligé depuis une quinzaine d’années.
Il s’agissait de reprendre en main ce parc ?
Oui. Jusque-là, la collectivité demandait aux services qu’il soit propre. Mais c’est insuffisant. Il y avait en plus des problèmes liés à l’irrigation. La végétation a périclité. Il fallait un parc digne de ce nom. Nous voulions un parc qui puisse répondre aux demandes des familles mais aussi des personnes âgées. L’idée était de créer un espace de repos avec une certaine sérénité. Nous avons aussi fait des espaces ombragés pour les jeunes.
En faire un lieu de vie ?
D’autant plus que ce parc entoure notre espace culturel. Nous y avons beaucoup de manifestations. Il y a aussi le conservatoire régional de danse, une école de musique, un labo photo de très belle qualité. Toutes nos associations à but culturel sont là. Améliorer le parc c’est bénéficier d’un outil pour valoriser ce qui se fait sur notre territoire. Mais c’est aussi un outil pour valoriser notre patrimoine historique.
Quelles ont été les différentes étapes de mise en place ?
Il existait des éléments hydrauliques n’ayant jamais été valorisés. Cela avait été laissé à l’abandon. Il y avait une noria mais aussi un aqueduc et des bassins. C’est autour de ces éléments que nous allons créer des espaces différents dédiés à différentes tranches de la population. Nous avons voulu compléter notre projet par une idée un peu différente pour sortir du lot. Il se trouve que l’on avait fait intervenir, deux ans auparavant, deux jeunes de l’école supérieure d’art et de design de Saint-Étienne et de Lyon pour nous faire un audit de la qualité de la proposition culturelle sur notre ville. Nous voulions connaître les marges de manœuvre par rapport à ce qui se faisait aux alentours.
Ce qui vous a donné envie d’aller plus loin dans cette collaboration ?
Oui, nous avons souhaité aller plus loin avec l’une des deux personnes. Marie Lecommandoux est major de sa promotion. Nous lui avons proposé de construire des aménagements publics. Nous voulions contextualiser à travers notre patrimoine. Nous sommes une terre viticole donc nous avons voulu faire ressortir la réutilisation des tonneaux. L’idée était d’avoir un mobilier spécifique qui permette de renouer avec l’écosystème local (interprofession des vins), de proposer de nouveaux partenariats (avec des conférences) à l’ESADSE école supérieure d’Art et de Design de Saint Etienne, d’ajouter une dimension historique et enfin de travailler avec le département autour du patrimoine hydraulique. Nous allons être labellisés “Patrimoine départemental exceptionnel”.
Dans votre projet, la dimension multi-partenariale est très importante…
Exactement, mais en plus cela nous permet d’avoir un point central pour organiser des circuits de visite de la ville, des collines et d’autres sujets touristiques. Notre agglomération était en demande pour que chaque ville organise des circuits thématiques. Chaque acteur apporte sa vision et vient nous aider à créer ce lieu de vie.
Quel travail va être réalisé autour des tonneaux ?
Le syndicat interprofessionnel des vins va nous fournir les tonneaux. Mais le partenariat avec eux est plus large. Nous allons les inclure dans les manifestations. Ce n’est pas un partenariat financier mais un partenariat de moyens. Le cahier des charges pour les élèves de l’école d’art, c’était d’utiliser tous les éléments d’un tonneau. Le déstructurer pour nous en faire un banc. Il sera moderne avec une forme circulaire.
C’est un élément en plus qui doit donner envie d’aller passer un moment dans le parc ?
C’est une production de la ville mais en partenariat avec l’ESADSE. La jeune étudiante a su y mettre une touche que l’on n’aurait pas imaginée. Nous voulons donner envie aux habitants de se saisir de ce parc. Avec Marie Lecommandoux nous avons également envisagé de produire l’un de ses projets, celui d la ruche éducative en collaboration avec un apiculteur local. Il faut amener de la population locale vers le parc.
Votre initiative a reçu le prix Fimbacte cette année pour son originalité…
Le jury a fortement apprécié la collaboration multi-acteurs liée au projet. Dans notre dossier, l’aspect artistique a également joué un rôle important. C’était intéressant pour eux de mélanger le côté artistique et utile pour l’aménagement du territoire. Ce n’est pas un statut. C’est un objet du quotidien. Nous avons remporté le prix dans la catégorie “Partenariat public/privé”.
Quel est le calendrier du projet ?
Le projet sera livré cet été. Il y avait une idée de compléter avec une plantation participative. Nous voulons proposer à la population une journée où ils amèneraient des rosiers que l’on planterait ensemble. Nous mettrons des plaques expliquant que le don a été fait par un habitant, avec son nom. L’idée est que chacun puisse s’approprier le parc. Nous voulions le faire au printemps. Si nous ne pouvons pas, ce sera à l’automne 2022. Le projet sera complètement terminé cette année. D’ici deux ans, nous allons également essayer d’organiser une grande fête autour du parc pour organiser une sortie “hors les murs” des associations culturelles locales. L’idée serait même d’organiser un opéra lié à l’histoire de Morières-lès-Avignon avec les associations.
Quel est le coût du projet ?
La rénovation complète du parc avec l’aire de jeux (qui n’était pas prévue au départ). Nous sommes à 240 000 € TTC. C’est l’enveloppe prévue.