Il y a deux ans, nous vous avions déjà fait découvrir le programme 1000 doctorants pour les territoires lors d’une de nos lettres de l’impact positif. Nous avons souhaité remettre un focus sur cette très belle initiative car, grâce à un accord avec l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, recevoir un doctorant, pendant trois ans, pour une thèse en recherche-action au sein de votre collectivité publique peut ne rien vous coûter !
Pour en savoir plus, nous vous proposons une interview de Paul Gallet, Chargé de mission “recherche et territoire” pour le programme « 1000 doctorants pour les territoires » (Hesam Université).
Qu’est-ce que le programme 1000 doctorants pour les territoires ?
1000 doctorants c’est un dispositif, géré par Hesam Université et on accompagne des porteurs de projets CIFRE qui sont des acteurs publics locaux souhaitant travailler avec des doctorants via le dispositif. On va les aider à se mettre en relation, à élaborer des sujets de recherche et à monter des projets.
C’est vrai que les collectivités ne savent pas toujours qu’elles peuvent déposer des dossiers CIFRE…
Le dispositif est ouvert aux collectivités depuis 2005. Elles n’étaient pas très nombreuses jusqu’ici. Précisément moins de 80 en 2016. Aujourd’hui on est à 132. C’est quelque chose qui se développe mais qui gagne encore à être connu.
Quelles vont être les missions des doctorants au sein des collectivités ?
Ils vont être salariés de la collectivité. Ils vont travailler sur un sujet qui a été défini ensemble et ils vont être vraiment à la fois dans une démarche d’opérationnel, mais aussi de recherche. Donc un pur dispositif de recherche-action où le doctorant va s’investir durant trois années au sein de la collectivité sur le terrain.
Qu’est-ce que cela veut dire réaliser de la recherche sur les territoires ?
C’est vrai que la temporalité de la recherche est souvent opposée à celle des collectivités. Pourtant le dispositif “1000 doctorants” en est la preuve : il y a un véritable intérêt pour la recherche. Les doctorants vont avoir une capacité à soulever et traiter les hypothèses et les problèmes afin d’apporter des réponses différentes de celles qu’un ingénieur territorial ou un chargé de mission traditionnel pourrait avoir. C’est vraiment l’idée d’amener un autre regard, de repousser un peu les limites traditionnelles de l’exercice de la fonction publique pour aller plus loin dans une action dédiée aux usagers, au territoire et aux agents.
Il y aura au sein de la collectivité comme un électron libre, capable de voir les choses différement…
C’est souvent ce qui est recherché. Un doctorant va pouvoir pousser l’ensemble de la collectivité en dehors de ses retranchements. Soit sur des problématiques qui sont anciennes mais qui sont toujours pas réglées ou sur lesquelles on a du mal à produire des politiques publiques ou alors plutôt dans une démarche d’innovation et prospection. La capacité du chercheur ou de la chercheuse à aller chercher de nouveaux liens ou un nouveau regard sur des questions va permettre de donner un nouveau souffle aux travaux de la collectivité.
Qu’est ce que la recherche-action ?
Oui. Un chercheur présent au sein d’une collectivité n’est pas du tout une personne hors-sol. Elle a une mission hyper concrète. Elles font vraiment partie de la collectivité de sa vie au quotidien. Elles ont un intitulé c’est de chargée de mission ou de chef de projet. Elles vont travailler avec d’autres agents de la collectivité et avec les élus et la population. Cela montre vraiment que c’est une recherche embarquée dans le territoire.
Quelles sont les disciplines que l’on peut retrouver ?
C’est très vaste. C’est toutes les sciences humaines. De la philosophie aux langues en passant par l’histoire, la géographie, la sociologie. En termes de compétence, on retrouve beaucoup de sujet autour des mobilités, de l’alimentation durable, de la transition écologique, ou de la participation citoyenne. Tout est possible et envisageable. C’est le message que l’on souhaite faire passer aux décideurs.
Sur la question du coût, il y a eu du changement récemment avec un accord avec l’ANCT…
Jusque-là une thèse CIFRE, c’était une subvention de 14 000 € par an pendant 3 ans avec un reste à charge et évaluer à 18 à 20 000 € par an minimum. Aujourd’hui, grâce à l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, pour les territoires lauréats des programmes “Petites villes de demain” ou “Territoires d’engagement” qui recrutent un doctorant CIFRE comme chef de projet sur ces dispositifs, l’ANCT prend en charge la totalité du reste du salaire du doctorant. C’est une vraie victoire parce que cela veut dire que l’on a des doctorants avec un coup 0 € mais un impact vraiment fort pour les territoires.
Vous voulez en savoir plus et découvrir le programme 1000 doctorants pour les territoires ? Rendez-vous sur leur plateforme de mise en relation entre collectivités publiques, futurs doctorants et laboratoire de recherche en cliquant ici => https://1000doctorants.hesam.eu/
Vous pouvez également découvrir une série de podcasts produire par Territoires Audacieux en partenariat avec Hesam Université (qui porte le projet 1000 doctorants). Nous vous proposons 5 portraits de doctorants au sein de collectivités publiques.