Fouras-les-Bains (17) : construire un projet artistique pour reconstruire du lien avec soi et les autres

Le CCAS de la ville de Fouras (Charente-Maritime), a souhaité mettre à l’honneur les aînés au sein d’un patrimoine remarquable, en initiant un projet de renforcement de lien social par la culture et l’intergénérationnel, mêlant expression corporelle et vidéo. Un court-métrage pour cela a été réalisé, démontant les stéréotypes sur les seniors, et amenant ces derniers à refaire lien avec eux-mêmes et les autres. 

Ce projet ayant eu lieu de mars 2019 à décembre 2019, a finalement été projeté devant une quarantaine de personnes. 

VALORISER ARTISTIQUEMENT LES AÎNÉS DANS LA VILLE

Dans le cadre de sa politique de développement social local, notamment tournée vers les aînés, le CCAS de Fouras a souhaité initier un projet innovant auprès de ce public pour retisser du lien au travers d’une pratique artistique et la réalisation d’un « acte culturel » participatif. Le réalisateur retenu réalise des courts-métrages mêlant cinéma et danse s’inscrivant dans une web-série documentaire dansée intitulée « Le Corps de la ville ». Chaque film est le reflet du territoire et possède sa propre écriture car réalisé en partenariat avec les habitants et des structures locales. La ville de Fouras compte 4 100 habitants environ dont la moitié est âgée de plus de 60 ans. Il paraissait donc naturel d’aller au-devant de cette partie des Fourasins et démontrer que les plus de 60 ans font partie intégrante de la société. 

Pour atteindre les objectifs fixés, le projet devait être intergénérationnel et s’inscrire dans une action globale et de sensibilisation de la population sur la déconstruction des stéréotypes sur le grand âge. C’est pourquoi le CCAS, en partenariat avec le Cinéma de Fouras, a organisé le 28 mars 2019 une première projection du travail de Nicolas Habas pour « recruter » des habitants volontaires de tout âge, et montrer les potentialités des aînés avec la danse et l’art cinématographique. Un programme d’une dizaine de films a été projeté à une quarantaine de spectateurs dont deux films réalisés avec des seniors quelques années auparavant dans d’autres villes. 

Pour certains, les douleurs, notamment pour se mouvoir, ont temporairement disparus pendant les ateliers. Les trois derniers jours de la résidence artistique ont été consacrés au tournage du film en extérieur, sur l’espace public. Là encore, ces moments, parfois contraignants du fait de la répétition des prises de vues et des temps d’attente, ont été l’occasion pour les séniors de montrer leur capacité d’adaptation et de créativité. Le tournage terminé, il restait au réalisateur à procéder au montage du film ainsi qu’à l’ajout d’une oeuvre musicale. Le 16 décembre 2019, le film réalisé avec les habitants a été projeté au cinéma de Fouras à la fin d’un programme de projection de films du réalisateur tous co-construits avec des habitants. Le coût global du projet s’est élevé à 16 732,12 euros financé en majorité par le CCAS et la Conférence des financeurs de la Charente-Maritime. 

L’initiative a été possible grâce à la mobilisation de nombreux acteurs, comme les deux agents du CCAS de Fouras qui ont pris en charge toute l’organisation administrative, la recherche de financements, l’accueil du réalisateur et de la danseuse, la logistique lors des atelier. La ville de Fouras a, quant à elle, relayé de l’information, participé à la communication, mis à disposition une salle communale, la résidence de la Presqu’île qui a accueilli des ateliers d’expression corporelle. 

VALORISER LA CONTRIBUTION DES AÎNÉS À LA SOCIÉTÉ

Souvent, les aînés sont perçus comme « consommateurs » de culture mais très rarement comme « acteurs » de la culture. Les stéréotypes liés à l’âge les disqualifient d’office pour être acteur du champ artistique en raison notamment de leur état de santé. 

Le projet de Fouras tend à démontrer, à prouver que les seniors, de 60 à 95 ans, sont de véritables acteurs dans le champ artistique. Le projet, parce que conduit par des professionnels (CCAS, réalisateur, danseuse, accompagnants), a permis aux participants d’avoir une meilleure conscience d’eux-mêmes, de leur corps, de révéler leur potentiel artistique et émotionnel. Les échanges ont été mutuels : la jeune fille qui danse dans le film a également beaucoup appris auprès des participants plus âgés, elle a du réinterroger sa manière de danser avec ce public particulier. Ils sont mis en lumière, visibles au sein de l’espace public qui majoritairement est occupé par la jeunesse. Ce film valorise leur contribution au temps de la ville de manière poétique. 

L’action n’avait pas vocation a-priori à être reconduite. Toutefois, dans la continuité des objectifs de déconstruction de l’image des seniors, des actions de sensibilisation sont prévues, notamment l’accueil d’une projection de films réalisés par Oldyssey. Suite au tournage et à la projection du film, la danseuse- chorégraphe a été invitée à intervenir en janvier 2020 au sein de l’EHPAD la Résidence de la Presqu’île pour des ateliers d’expression corporelle avec les résidents au regard des bénéfices importants enregistrés lors de cette expérience. D’autres actions pourraient être envisagées dans ce travail intergénérationnel et de déconstruction des stéréotypes sur l’âgisme. 

Retrouvez d’autres initiatives inspirantes à destination des séniors sur le site de l’association Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés.