Alfortville (94) : « Ouvrir le centre de vaccination ne serait pas possible sans l’implication forte des agents de la commune »

Pour illustrer le travail réalisé par les collectivités territoriales dans la campagne de vaccination contre le Covid19, nous avons décidé de proposer à Jonathan Kienzlen, directeur de la Vie de la cité à la mairie d’Alfortville et membre de Territoires Audacieux, de témoigner.

Comment se déroule la mise en place d’un centre de vaccination sur une commune comme Alfortville ?

Dès le mois de décembre, quand l’arrivée du vaccin en France a été confirmée pour les derniers jours de 2020, le Maire d’Alfortville Luc Carvounas a indiqué à Éric Véchard, Directeur Départemental de l’ARS (Agence Régionale de Santé, en charge de la planification pour l’État des questions sanitaires) la disponibilité de la commune pour ouvrir un centre de vaccination ambulatoire (CVA). Ainsi, début janvier, le premier CVA d’Île-de-France a ouvert au sein du Centre municipal de Santé et a commencé à accueillir une trentaine de personne par jour. Bien évidemment, avec la montée en puissance de la vaccination dès la fin janvier, nous avons pris la décision de déplacer le CVA au sein de la salle de convivialité du POC !, notre pôle culturel, ce qui permet aux patients de bénéficier d’un espace beaucoup plus grand, et ainsi de vacciner aujourd’hui près de 150 personnes par jour, 7 jours sur 7.

Quels sont les défis à relever dans l’organisation quotidienne de celui-ci ?

La plus grande difficulté que nous avons depuis le début de cette crise tient à la gestion du nombre de doses. La visibilité qui nous est offerte par l’ARS, qui n’est malheureusement pour elle que la messagère des approvisionnements nationaux, dépasse rarement la semaine. Cela empêche toute anticipation, et provoque une multitude de tracasseries administratives dont la principale est l’organisation du planning des vaccinations. Comment ouvrir sur Doctolib, qui est avec deux autres plateformes l’outil choisi par le Gouvernement pour que les habitants puissent s’inscrire, des créneaux de vaccination alors même que nous n’avons aucune garantie sur la récupération des doses ? C’est ainsi une gestion mouvante et éprouvante pour les équipes qui nous est imposée depuis le début de cette épisode massif de vaccination.

Qui sont les acteurs avec lesquels vous travaillez pour la gestion et l’efficacité du centre ?

Nos partenaires institutionnels sont la Préfecture du Val-de-Marne et l’ARS, avec qui nous avons comme tous les autres CVA des réunions hebdomadaires. Nous travaillons également avec les professionnels de santé de la commune, notamment les médecins libéraux, ainsi que les infirmiers et infirmières qui permettent au CVA d’ouvrir désormais 7 jours sur 7, même les jours fériés. Mais tout cela ne serait pas possible sans l’implication forte des agents de la commune d’Alfortville. Nous sommes, par roulement, 5 à être détachés tous les jours de nos missions traditionnelles, et nous avons recrutés plusieurs agents administratifs supplémentaires.

Quelles sont les contraintes inhérentes à cette organisation ?

La fatigue des professionnels de santé et des agents communaux mobilisés. Car avant la vaccination massive, beaucoup étaient déjà sur le pont pour gérer les problèmes d’approvisionnement des masques, la gestion des colis alimentaires pour les personnes précaires…Et puis toute cette organisation a un coût financier. Pour une commune comme Alfortville, si l’on inclut la masse salariale des collègues détachés au CVA, c’est une dépense supplémentaire et non prévue de 40 000 euros par mois. Faîtes vous-même le calcul en fonction de la durée de la crise… Heureusement un premier geste de l’État doit arriver avec une dotation de 50 000 euros pour chaque CVA. C’est insuffisant, mais c’est un début.

Comment la population réagit-elle sur place ?

Très bien. Le changement de lieu début février a été profitable car les patients trouvent que l’espace est assez vaste pour permettre de se sentir en sécurité, et de garder les gestes barrière indispensables. Nous avons même reçu des courriers et mails de remerciements qui font chaud au cœur, et pas seulement des Alfortvillais puisque nous n’avons pas le droit de prioriser les habitants de notre commune. D’ailleurs, il n’y a que 30 à 35% de nos patients qui sont Alfortvillais.