Agglomération du Cotentin (50) : « Nous avons constaté que les communes demandaient de l’ingénierie de projet »

David Margueritte est le président de la communauté d’agglomération du Cotentin (50). Pour la série « Au cœur de la relance », il revient sur les différents dispositifs mis en place sur son territoire et notamment la création d’une cellule de soutien en ingénierie des communes de l’agglomération. Objectifs : répondre aux enjeux liés à la crise sanitaire, préparer la signature d’un Contrat de relance et de transition écologique (CRTE) et aider les collectivités du territoire à développer leurs projets.

Pitch vidéo –

Pour en savoir plus, l’interview complète avec les détails de l’initiative :
 

– La mise en place de l’initiative –

Quelle est l’origine de cette initiative ?

Lorsque le nouvel exécutif a pris ses responsabilités le 13 juillet 2020, de nombreux projets étaient lancés. Ils étaient financés et intégrés dans le contrat de territoire depuis deux ans pour certains. Pourtant, ils n’avançaient pas. Nous avons constaté que les communes demandaient de l’ingénierie de projet. Elles avaient besoin d’une aide pour rédiger le cahier des charges, chercher des subventions complémentaires ou boucler juridiquement le dossier. Nous avons alors eu l’idée d’une cellule d’accompagnement.

Nous voulions permettre aux projets de se développer plus rapidement. Je pense que c’est une bonne manière de répondre à la demande de la population d’avoir des équipements attractifs et aux entreprises. Elles ont un besoin vital d’avoir une visibilité sur leurs commandes. Nous savons à quel point la commande publique est attendue, notre responsabilité de collectivité et d’intercommunalité est grande en la matière.

Quelles ont été les étapes de mise en place de cette cellule ?

Pendant l’été 2020 nous avons élaboré l’idée. Puis, nous l’avons présentée début septembre en conférence des maires. Elle a été actée en Conseil communautaire au début du mois d’octobre. Les recrutements ont été lancés dans la foulée. Ils sont désormais effectifs et opérationnels pour le mois de mars 2021. Ce sont des agents complémentaires qui viennent, pour certains, d’autres collectivités. Ils ont l’expérience dans le montage de projet, la recherche de subvention, etc. Ils vont pouvoir accélérer ces projets communaux qui doivent sortir de terre plus rapidement dans le contexte actuel.

Comment expliquez-vous que la cellule soit effective aussi rapidement ?

C’était une volonté partagée, il y avait consensus. Le financement était également au rendez-vous pour les recrutements. Nous avons débattu pour savoir quelles communes auraient accès à cette cellule en fonction du nombre d’habitants ou d’autres critères. Mais nous avons conclu que toutes les communes du Cotentin devraient y avoir accès. C’est une réelle valeur ajoutée de la coopération communautaire, un service supplémentaire, attendu depuis longtemps. Nous avons démontré que ce projet est possible grâce à la fusion des onze communautés de communes.

– Le fonctionnement de l’initiative –

Quel va être le fonctionnement de cette nouvelle cellule ?

Concrètement, une commune peut solliciter cette cellule pour tout type de demande. Pour la formalisation d’une idée par exemple. On peut en avoir une sans pour autant arriver à la finaliser en termes de faisabilité, au niveau juridique ou de recherche de subventions. C’est un travail de plus en plus complexe, il faut pouvoir frapper aux bonnes portes et bénéficier d’un carnet d’adresse. Donc le maire, l’élu ou le secrétaire de mairie pourra solliciter directement cette cellule qui fera le lien. Les agents se rendront alors sur le terrain pour les conseiller.

Nous souhaitons vraiment rendre service aux communes dans leur quotidien et dans le montage de leurs projets. Nous avons déjà de nombreuses demandes. C’est une preuve que cette initiative correspond à une véritable attente.

Quels autres projets prévoyez-vous de développer dans le cadre du plan relance ou de votre futur Contrat de relance et de transition écologique (CRTE) ?

De façon générale, au-delà du CRTE à proprement parler, nous sommes dans un vaste plan de relance au sein de l’agglomération, avec plusieurs initiatives prises dès le début du deuxième confinement. Ce sont des mesures d’urgence notamment pour le soutien aux entreprises. Il y a par exemple le Fonds Impulsion Normandie, augmenté avec La Région. Il permet d’aider les petites entreprises de zéro à cinq salariés qui échappent aux radars des aides nationales. Je pense à l’événementiel par exemple, particulièrement impacté. Nous aidons à hauteur de 1000€ par salarié si l’entreprise ne reçoit pas d’aides. C’est concret, nous y participons à hauteur de 60%, et la Région 40%. Comme beaucoup, nous faisons aussi de l’exonération de loyer. Nous avons aussi mis en place une cellule d’écoute des entreprises. Des agents sont chargés de les appeler car nous nous sommes aperçus que de nombreuses structures ne connaissaient pas bien leurs droits en matière d’aides. C’est aussi l’occasion pour nous de prendre le pouls de notre tissu économique et de voir quels projets nous pouvons déployer via cette cellule. Nous avons déjà appelé plus de 2 000 entreprises. De façon ponctuelle, mais durable, nous avons lancé les box Cotentin.

Vous avez également travaillé avec les producteurs locaux…

Nous avons décidé de lancer les box Cotentin pour des événements ponctuels (tout en reproduisant l’initiative sur le long terme). Notre SPL tourisme comprend plus de 50 salariés, elle travaille sur le rayonnement de notre territoire. Pour Noël par exemple, nous avons créé une box avec les produits de nos acteurs locaux. Nous en avons distribué plus de 1000 dans toute la France. C’est une façon de faire connaître territoire, de renforcer notre attractivité, et de répondre à la problématique des producteurs locaux. Pour eux, nous avons développé une plateforme de vente directe. Nous avons une délégation à l’agriculture qui favorise cela.

Quelles sont les autres actions mises en place ?

Autre opération, symbolique mais importante pour nous, c’est la reconnaissance aux soignants avec le principe d’offrir des repas dans les restaurants quand ils rouvriront. Ensuite, je pense aux étudiants. Dès le deuxième confinement, l’agglomération a permis d’en recruter. Nous savons que c’est une problématique importante et nous allons ouvrir des jobs pour les aider. Nous souhaitons aussi renforcer notre offre de proximité dans les services du quotidien. Comme nous avions onze intercommunalités sur le territoire, nous avons onze anciens sièges d’EPCI. Nous voulons les ouvrir pour en faire des « maisons du Cotentin ». Elles regrouperont des services de proximité : de l’informatique, aide pour remplir les démarches administratives, du conseil, etc.

Avez-vous prévu des axes au niveau écologique, comme cela est spécifié dans le CRTE ?

Nous ne sommes pas encore complètement définis là-dessus. L’année prochaine, nous aurons un guichet unique pour la rénovation énergétique. Sur l’habitat, nous sommes dans un plan de rénovation, avec la définition d’un nouveau Plan Local de l’Habitat. Le CRTE regroupe des aides et des dispositifs qui existaient déjà par ailleurs. Nous avons mis en place un certain nombre de mesures avec les consulaires. Je pense notamment à l’aide aux commerçants avec la vente directe sur internet et la formation. C’est une approche globale afin développer les circuits courts. Nous voulons également nous afficher comme un territoire de production de toutes les énergies, être un démonstrateur du mix énergétique au niveau national : le nucléaire avec l’EPR mais aussi les énergies marines renouvelables avec l’ouverture d’un quatrième parc au large du Cotentin. Nous assumons l’excellence de ces productions. Avec nos plus de 220 kilomètres de côtes, il est évident que la ressource énergétique marine renouvelable et le développement de projets hydroliens est au cœur de nos préoccupations.

– Les éléments à retenir –

Quel est le coût du service d’aide pour les appels à projet des communes ? Et qui finance ?

L’agglomération assume le financement intégral. Pour être précis, quatre recrutements ont été effectués. Je les associe au fonds de concours car le budget transversalité (c’est-à-dire l’aide aux communes dans leur projet) c’est déjà 2,5 millions d’euros par an. Ajoutez à cela la cellule ingénierie, la bonification que nous faisons et le renforcement de la cellule transversalité qui existait déjà, nous pouvons dire que nous sommes sur une enveloppe de 2,5 à 3 millions d’euros au total par an pour la relance pour le soutien aux communes dans le Cotentin.

Avez-vous rencontré des difficultés à la mise en place de ce projet ?

Nous en avions mais elles tentent à s’estomper, c’est peut-être dû au contexte. Nous avions des difficultés au niveau du recrutement. Quand nous ouvrons un poste, nous avons du mal à trouver des profils spécialisés, comme dans l’urbanisme par exemple. Depuis quelques mois, nous constatons que nous avons beaucoup plus de candidatures qu’avant. Il y a une vraie attractivité de notre territoire.

Entretien réalisé le 02/02/2021

« Au cœur de la relance » est une série de Territoires Audacieux en partenariat avec l’Adcf – Intercommunalités de France destinée à valoriser les initiatives des intercommunalités dans le cadre de la relance, à les accompagner : interviews de président.e.s d’intercommunalités, questions/réponses techniques, échange avec une personnalité qualifiée…