Démocratie Ouverte : Rencontres du réseau des territoires d’innovation démocratique

La lettre de l’impact positif revient cette semaine sur l’événement du collectif Démocratie Ouverte. Du 30 novembre au 04 décembre 2020 étaient organisées les Rencontres du réseau des territoires d’innovation démocratique. 

Territoires Audacieux soutient la démarche de Démocratie Ouverte. Leur but est de promouvoir les initiatives qui permettent de gagner en pouvoir d’agir, de mieux décider collectivement et de mettre à jour les systèmes politiques. 

Territoires Audacieux vous propose un tour d’horizon des moments forts de la semaine

Pour cette deuxième édition des Rencontres du réseau des territoires d’innovation démocratique, le programme était dense. Le sujet est de plus en plus ancré dans l’actualité, nombreux sont les élu.es qui réfléchissent à d’autres manières d’agir et de gouverner, pour impliquer davantage les citoyens. Cette année, l’événement n’était d’ailleurs pas réservé aux élus et agents publics engagés dans les transitions citoyennes et démocratiques : il s’est ouvert à tous. Pour cela, et pour s’adapter à la crise sanitaire, les rencontres se sont déroulées en ligne, avec de nombreuses retransmissions et lives Facebook. Le concept aussi était original, chaque intervention était inspirée d’émissions TV populaires.

Le mercredi 02 et jeudi 03 décembre ont été consacrés aux 5èmes Rencontres nationales des Budgets Participatifs.

Rendez-vous en territoire inconnu

Mardi en début d’après-midi, un « Rendez-vous en territoire inconnu » sur l’innovation démocratique dans les territoires ruraux s’est déroulé. Quatre intervenants étaient réunis pour l’occasion : Fanny Lacroix (maire de Châtel-en-Trièves), Jérôme Perdrix (adjoint au maire d’Ayen), Yvan Lubraneski (Maire des Molières et Président des Maires Ruraux de l’Essonne) et Cédric Szabo (Association des Maires Ruraux de France). Ensemble, ils ont passé en revue les défis auxquels les communes rurales sont confrontées et les réponses apportées. Comment équilibrer le milieu urbain et rural ? Faire face à la désertification des services publics ? Aux problèmes environnementaux ?

Un reportage a introduit les solutions mises en place dans les communes représentées par les intervenants : mini bus scolaire pour amener les enfants d’un village à l’autre, collaboration entre les communes pour les services publics, monnaie locale, restauration collective bio, jardins partagés, etc. Les intervenants ont ensuite parlé et débattu de leurs retours d’expériences au sein de ces « villages inclusifs », comme les défini Fanny Lacroix. Tous ont mis en avant l’importance de l’innovation, Yvan Lubraneski, maire des Molières, résume la situation ainsi : « Ce qui est dans la loi on le respecte, ce qui n’y est pas, on l’invente »

Pour aller plus loin, les organisateurs ont proposé  le livre « Des Communes Et Des Citoyens » de Y. Lubraneski, F. Lacroix, D. Cueff, J. Perdrix, A. Lamour, pour en apprendre davantage sur ces expérimentations. 

La longue interview

Le vendredi 04 fut une journée chargée. Dès 10h, Démocratie Ouverte a proposé une longue interview avec Johanna Rolland, maire de Nantes. Pendant plus d’1h, elle a exprimé sa vision de la démocratie en France, dans les territoires et dans le monde.

Elle est d’abord revenue sur son parcours personnel avant de devenir maire. Puis, elle a défini ce qu’implique le fait d’être maire, comment elle exerce cette fonction, cet « engagement », selon ses mots. Elle accorde une place importante aux Nantais investis dans la politique de la ville. Chaque habitant, peu importe son âge ou son quartier, doit pouvoir participer et apporter une contribution à son échelle. Johanna Rolland a ensuite répondu à la question d’Armel Le Coz au sujet des transitions : comment les réaliser et quels sont les débouchés ? La maire a expliqué qu’elle souhaite instaurer un nouveau contrat social et écologique, ouvert sur l’Europe mais avec des services de proximité pour favoriser les mobilités douces. Elle a également exprimé sa volonté de mettre la transition écologique au service de la lutte contre les inégalités. Pour avoir un impact durable et fort, la question de la coordination entre associations, citoyens et élus s’est posée. Il existe « une complémentarité entre la démocratie représentative et participative » a répondu Johanna Rolland. L’interview s’est terminée sur une question assez large : sa vision et ses ambitions pour la démocratie participative au niveau national.

Découvrez cette interview passionnante :

Le JT Pernaut

La journée s’est enchaînée avec le JT Pernaut, intitulé « Actualités 2019-2020 des Conventions Citoyennes. Quel bilan ? Quelles suites pour 2021 ? ». 

Une table ronde était organisée en présence de David Djaiz (essayiste et haut fonctionnaire), Mathilde Imer (membre du comité de gouvernance de la Convention citoyenne) et Laurène Streiff (Chargée de la démocratie participative, région Occitanie). Mais avant de débuter les échanges, un journal a été diffusé pour revenir sur les définitions et les mises en place des conventions citoyennes, de démocratie délibérative, de tirage au sort… 

Les intervenants ont ensuite pu exposer la façon dont ils intègrent ces démarches au quotidien et leur vision du futur. Un service national de six mois pour la formation d’une démocratie délibérative a notamment été mentionné. S’en est suivi un temps de questions/réponses avec les participants. Les interrogations portaient autour des articulations entre les différentes échelles des conventions citoyennes (régionales, départementale, etc) et le risque d’un engagement médiocre de la part des élus une fois la convention terminée.

Le journal et les échanges dans leur intégralité ci-dessous :

Top Chef de la démocratie

Suite au JT Pernaut, un Top Chef de la démocratie s’est tenu en compagnie de deux grands chefs de la démocratie participative : Jo Spiegel (ancien maire de Kingersheim) et Jean-François Caron (maire de Loos-en-Gohelle). Chacun leur tour, les deux hommes ont répondu aux mêmes questions pour livrer leur recette de démocratie participative. 

Pour Jean-François Caron, la participation habitante a toujours été un élément central de sa politique. Pour réussir, il insiste sur l’importance de la confiance entre élu et administré, un processus qui prend du temps. Son ingrédient secret ? « Sortir du langage techno convenu, rappeler aux citoyens que nous sommes comme eux. »

Jo Spiegel pour sa part commence par expliquer le principe de la démocratie construction. Il préconise pour chaque projet une séquence démocratique et un conseil participatif dédié. La maison de la citoyenneté est également un lieu important à ses yeux. Dernier conseil : il ne faut pas se suffire du résultat, le processus est crucial. Selon lui, les élus vont avoir un rôle plus important que par le passé, à condition qu’ils considèrent leurs communes et leurs territoires comme des espaces de transformation et d’excellence humaine.

Les recettes et ingrédients secrets à retrouver ici :

Pour voir ou revoir le programme et les vidéos des rencontres, vous pouvez vous rendre sur la page Facebook ou YouTube de Démocratie Ouverte.

Léa Tramontin