Comment réussir ou échouer un Plan Climat ?

Alignés sur la ligne directrice nationale du “paquet climat” à l’horizon 2020, puis du “facteur 4” à l’échéance 2050, les Plans Climat visent à terme une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. Des séquences de travail de 6 ans articulent ces objectifs, centrés et évalués donc sur les questions énergétiques de production, d’émission et de consommation. A l’image des objectifs nationaux et européens, le fossé à franchir est colossal pour les collectivités, esquissant à la fois de beaux axes de transformation, mais également un risque fort de manquer le coche.

Quels sont les obstacles à la réussite du Plan Climat, et sont-ils uniquement liés aux objectifs de baisse des émissions ?  Que veut dire “échouer un Plan Climat” et pouvons-nous en tirer une nouvelle définition de la réussite?

Pourquoi réussir un Plan Climat ? 

Réduire les émissions de gaz à effet de serre, c’est de premier abord se fixer un objectif à la formule simple, évaluée par des indicateurs scientifiques. La question climatique territoriale est en réalité interdépendante de nombreuses dynamiques socio-économiques, politiques et techniques. Malgré l’obligation de réalisation d’un Plan Climat Air Energie pour les intercommunalités de plus de 20,000 habitants, de nombreux territoires sont réticents à l’engager, quand d’autres voient l’engagement politique encore timide malgré une équipe technique enthousiaste.

En effet, si l’accompagnement des collectivités durant l’évaluation technique préalable (bilan carbone, cadastre des émissions, prospective énergétique et climatique) est bien couverte par les acteurs régionaux et les prestataires privés, le travail de portage des enjeux du PCAET aux élu-e-s communautaires reste une zone grise de l’engagement PCAET. Ce dernier apparaît encore davantage comme un lourd tribut au budget territorial qu’un projet à valeur ajoutée pour le territoire. Un enjeu et une émotion qui doit être entendue et à laquelle les partenaires des collectivités se doivent d’apporter des solutions.

L’approche “volontariste” est souvent sollicitée pour les enjeux climatiques : c’est l’idée que la volonté humaine est capable d’initier individuellement puis collectivement le changement. Au quotidien, cependant, cette énergie à dépenser pour les agents techniques ou les élu-e-s communautaires représente une charge de travail supplémentaire, avec des progrès non-linéaires. Pour le Plan Climat Air Energie, nous sollicitons chez Futureproofed une approche “infrastructure”, celle d’une volonté politique forte qui engage et porte la décision. Cette approche infrastructure est stimulante quand on mesure les bénéfices d’un Plan Climat réussi, pour toutes les parties prenantes du territoire : 

  • Des bénéfices politiques en renforçant la légitimité des maires, conseillers et présidents, stimulant l’engagement citoyen pour les élections suivantes ;
  • Des bénéfices économiques, tant en ce qui concerne l’attractivité touristique du territoire, l’attractivité en termes d’investissements de capitaux, la création d’emploi et le pouvoir d’achat ;
  • Des bénéfices socio-économiques sur l’égalité sociale, la santé, le sentiment de sécurité, 
  • Des bénéfices socio-culturels, par l’accroissement du sentiment d’appartenance à un territoire et du vivre ensemble.

D’une soutenabilité climatique à des soutenabilités humaine et opérationnelle

En cartographiant les bénéfices potentiels de la réalisation du Plan Climat Air Energie, pouvons-nous à présent estimer qu’un PCAET représente uniquement la validation d’objectifs de réduction de Co2 ? Pour la grande majorité des collectivités, ceux-ci sont déjà rarement atteints du fait de la complexité du processus, des interdépendances avec d’autres actions du territoire et de la difficulté à évaluer localement les effets du climat. Ces bénéfices potentiels sont-ils donc des objectifs supplémentaires complexifiant davantage la réalisation du PCAET, ou sont-ils des leviers d’optimisation ?

Si la soutenabilité d’un PCAET n’est pas uniquement écologique, c’est qu’elle est aussi humaine, opérationnelle, et financière. Nous pouvons imaginer qu’un Plan Climat réussi peut être un PCAET qui n’a pas atteint entièrement ses objectifs de réduction de Co2, mais qui a utilisé son budget de manière raisonnée, a appris sur ses méthodes de travail et a dynamisé les liens entre les différents partenaires du territoire. Un Plan Climat réussi a permis à ses agents d’acquérir de nouvelles connaissances et de renforcer la communication entre les différentes instances territoriales, et a contribué à la bonne relation entre élus communautaires, agents techniques et citoyens. 

En effet, l’engagement PCAET remet en question nos méthodes de travail habituellement en silo, nécessitant de créer des passerelles et du lien entre les directions, et de saisir l’importance de l’interdépendance entre équipes technique et politique. C’est une véritable modification de l’organisation interne de la collectivité, d’autant plus si l’on souhaite intégrer la dimension climatique et énergétique dans tous les projets publics. Quelles sont les clés pour réussir son Plan Climat ? 

Les cinq caractéristiques d’un Plan Climat optimal 

  1. Un Plan Climat qui prend en compte toutes les soutenabilités (environnementales, financières, opérationnelles et humaines). Il permet un environnement de travail serein pour les agents, réduit les difficultés périphériques et favorise la communication entre les organes de la collectivité.
  1. Un Plan Climat qui utilise les synergies pour optimiser son investissement budgétaire (réutiliser des études, projets, compétences déjà mobilisés sur d’autres sujets, valoriser les co-bénéfices, mutualiser des actions avec d’autres territoires avec qui on a l’habitude de travailler). Il est possible de mobiliser les affinités naturelles des mesures pour grouper les projets, ou d’utiliser des actions qui ont déjà marché sur un autre territoire similaire.
  1. Un Plan Climat qui attire du capital sur le territoire à moyen et court-terme, en travaillant sur l’attractivité (tourisme, par exemple) et/ou sur la qualité de la vie sur le territoire (requalification ou création d’emploi, par exemple). Intégrer quelques mesures ayant un retour sur investissement élevé permet de proposer un Plan Climat attrayant pour les élu-e-s, et de compenser des mesures moins rentables mais plus bénéfiques en terme de réduction de pollution.
  1. Un Plan Climat qui comprend un suivi managérial et évaluatif tout au long de l’exécution du travail. En effet, l’évaluation est généralement réalisée à mi-parcours ou à la fin des 6 ans d’implémentation, ce qui laisse place à de possibles erreurs seulement identifiables, donc rectifiables, une à deux fois dans le processus. Ce suivi ne doit pas être réalisé uniquement sur l’avancée des objectifs de réduction de Co2, mais sur les autres formes de soutenabilités évoquées. Ce suivi régulier permet de rendre visible ses avancées : un Plan Climat réussi, c’est aussi un Plan Climat communiquant. Assurer le marketing du Plan Climat, c’est créer de l’émulation dans le processus, à la fois pour les agents techniques, qui voient leur travail valorisé auprès des élus communautaires, et ces derniers, auprès des citoyens. 
  1. Un Plan Climat qui mobilise une palette complète d’accompagnement : utiliser à bon escient les labels à visée communicante, informative et opérationnelle. Des labels comme Citérgie ou la Convention des Maires inscrivent le territoire dans un réseau national ou international. Les guides méthodologiques, de type Excel le plus souvent, permettent de prendre connaissance des objectifs, des scopes et des mesures attendues. Enfin, les solutions d’accompagnement à visée opérationnelle (communication, coaching, suivi, évaluation) vont venir pérenniser le travail engagé et transformer l’engagement en action au jour le jour. Ces différents leviers sont souvent confondus, et la palette reste régulièrement incomplète en ce qui concerne la prise en charge opérationnelle.

Réussir son Plan Climat est un jeu d’équilibriste. C’est d’abord étendre les soutenabilités à évaluer et penser le Plan en terme de bénéfices et de valeur ajoutée pour le territoire. C’est ensuite trouver les synergies possibles et équilibrer des mesures plus coûteuses avec des mesures plus rentables. Enfin, l’engagement opérationnel se doit d’être soutenu par un dispositif actualisé de management, suivi, évaluation et communication afin de transformer l’ambition en action tout en proposant l’environnement de travail le plus serein possible pour les agents territoriaux. Poursuivez votre découverte à l’internationale en découvrant les clés de la réussite du Plan Climat de la commune belge de Genappe et de son responsable, Vincent Girboux.

À propos de FutureproofedCities
FutureproofedCities soutient 137 villes et communes de Belgique, des Pays-Bas et de France pour concrétiser les Plans Climat. Notre plateforme, complétée par notre équipe d’accompagnement, permet de suivre facilement les progrès d’une ville et de prévoir l’impact de ses actions sur le CO2 et les flux financiers. De plus, l’outil agit comme un réseau social qui met en relation ses utilisateurs à travers les villes et les régions. Dans sa partie communication, l’outil implique également les citoyens dans l’action climat. Grâce à l’effort de ses utilisateurs, la communauté FutureproofedCities a investi 3,08 milliards d’euros, économisant annuellement 379 millions d’euros et 1,34 million de tonnes de CO2. Ils ont publié 351 mesures publiques et 726 actions, qui peuvent servir de source d’inspiration. Pour réaliser nos projets, Futureproofed compte 19 collaborateurs expérimentés et enthousiastes.