Villages d’avenir en Grand Bergeracois : comment les communes lauréates comptent se saisir du dispositif
Fin 2023, le label Villages d’avenir a été décerné par le Ministère des collectivités et de la ruralité à 45 communes de Dordogne, dont huit en Grand Bergeracois. Ce programme, lancé dans le cadre du plan France Ruralités, vise à accompagner les communes de moins de 3 500 habitants dans la réalisation de projet de développement.
En 2018, le plan Action Cœur de ville est venu en aide aux villes moyennes, telles que Bergerac. En 2020, le programme Petites villes de demain était destiné aux communes de moins de 20 000 habitants. À l’exception de celles situées en périphérie des agglomérations. Les villages ruraux inclus dans la communauté d’agglomération bergeracoise (CAB) pouvaient ainsi se sentir mis à l’écart des grands plans d’aide nationaux. “Par exemple, Eymet a pu prétendre [au programme Petites villes de demain] alors que La Force non, même si elle a environ le même nombre d’habitants, se souvient Serge Pradier, maire de La Force. Mais comme nous faisons partie d’une communauté d’agglomération, nous n’y avons pas eu droit.”
“Un œil neuf” sur les projets de territoire
Avec le programme Villages d’avenir, la commune de La Force pourra donc dialoguer avec l’un des 120 chefs de projet dépêchés par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). “C’est bien d’avoir un œil neuf pour nous épauler car on n’est pas bons partout”, confie Pascal Delteil, maire de Gardonne. La commune de 1 620 habitants a candidaté au programme pour restructurer le commerce local du centre-bourg. Autre enjeu principal : développer la gare TER de Gardonne comme un véritable pôle multimodal en travaillant sur la sécurité et l’aménagement des parkings. “Énormément de monde prend le train, et c’est bien. Mais la gare est submergée par les voitures”, constate l’édile gardonnais.
En dehors des deux secrétaires de l’équipe administrative, il est compliqué pour le maire ou pour les membres du conseil municipal de constituer les dossiers. “Aujourd’hui, c’est intéressant d’avoir l’appui d’un agent de l’État pour demander des subventions bien précises. Par exemple, pour le Fonds vert, c’est compliqué. Il faut se plonger dans des fiches techniques pointues.” Or, dans les petites communes telles que Gardonne ou La Force, les maires n’occupent pas leur fonction à plein temps.
Une expertise attendue, à défaut de subventions
Pourtant, à la date du 12 mars 2024, l’attente est toujours en cours. Depuis le courrier de la préfecture reçu en début d’année, Michel Delfieux, maire de Mouleydier, n’a “toujours pas eu de nouvelles de cette aide. Nous y plaçons de grands espoirs pour nos projets de revitalisation du bourg et d’aménagements écologiques liés à l’économie d’énergie.”
De cette aide, Serge Pradier espère “une expertise” qui lui permettra d’éviter de “monter des projets d’études avec des bureaux privés”, dont les services coûtent cher aux petites communes. Le programme Villages d’avenir consolidera les actions municipales “dans l’étude technique d’élaboration de nos projets”. Parmi les ambitions exposées : réaménager le site sportif communal, rénover le pavillon d’un château historique et de l’hôtel des Ducs et reconstruire le poste municipal de gendarmerie.
À l’inverse du dispositif Action Cœur de Ville, il n’octroie pas de fonds de développement supplémentaire mais apporte une “aide dans la recherche des financements.” Une nouvelle accueillie avec un soupçon de regret par Serge Pradier : “Une subvention est toujours la bienvenue. Car pour financer les projets d’aménagements communaux, soit nous dégageons un excédent dans notre budget de fonctionnement, soit nous bénéficions de subventions, soit nous empruntons si on en a la capacité.”
Selon Pascal Delteil, le programme Villages d’avenir “peut être une belle aventure d’ingénierie”. À voir comment les communes lauréates s’en saisissent pour dynamiser le territoire du Grand Bergeracois. Car, à date, les équipes municipales attendent toujours la nomination officielle des experts dédiés à la Dordogne.