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Saint-Félix-de-Villadeix : inclure le handicap dans le tourisme et le sport

À Saint-Félix-de-Villadeix, en Grand Bergeracois, le handicap est partie intégrante de la vie du village. La commune accueille depuis 80 ans un centre d’hébergement de personnes atteintes de surdicécité.

Ce lien étroit a notamment mené vers la réalisation d’un parcours de santé adapté à tous, lancé en 2019, pour lequel le village a été récompensé du label “Tourisme et handicap”. Anne-Marie Girard, adjointe au maire chargée du lien social et trésorière de l’association du Foyer rural de Lapeyrouse, nous détaille ce projet axé sur l’inclusion.

Quelle est la politique globale du village vis-à-vis du handicap ?

Nous avons depuis 80 ans le Foyer d’accueil de Lapeyrouse, un centre hébergeant des personnes atteintes de surdicécité. L’inclusion des personnes handicapées fait donc partie de notre ADN depuis toujours car nos 20 résidents, font partie intégrante de la vie du village.

Concrètement, comment assurez-vous l’inclusion des citoyens atteints de handicap sur la commune de Saint-Félix-de-Villadeix ?

Nos bâtiments et sanitaires publics sont tous équipés en accessibilité. Lorsque nous avons des fêtes, les personnes handicapées fabriquent des paniers en osier. Nous les invitons donc sur les événements pour vendre ces paniers. Ils sont aussi intégrés aux concerts et différentes manifestations organisées sur le village. L’idée est que tout le monde, quel que soit son âge ou sa situation de vie, puisse bouger, apprendre, s’amuser, seul ou en famille. Nous avons la volonté de créer des endroits où chacun se sentira bien.

Le parcours de santé adapté aux handicaps, pour que chacun puisse s’amuser

Parlez-nous de la boucle adaptée à tous les publics : quand et comment a commencé ce projet ?

Nous avions un parcours santé près du centre qui n’était pas adapté en termes d’aiguillage. Les personnes mal et non-voyantes devaient forcément être accompagnées. Comme nous avons une politique d’inclusion pour que tout le monde puisse faire du sport de manière autonome, nous avons donc deux boucles qui se croisent. Une de 450 m, adaptée aux personnes atteintes de handicap visuel, sonore et moteur avec une adaptation PMR (asphaltée). Et une autre boucle, avec des guidages en braille et en “FALC” (facile à lire et à comprendre), qui est aussi adaptée aux personnes à déficience mentale.

Quels moyens avez-vous mobilisés pour que le parcours de santé soit adapté à tous ?

Le foyer rural de Saint-Félix a déposé la demande de budget participatif. Nous avons obtenu 36 000€ de budget, or nous avons vite vu que ce n’était pas suffisant. La commune a donc repris le projet pour demander des subventions qu’une association ne pouvait pas obtenir. Des fonds de l’État, de la Région, du conseil départemental mais aussi de privés comme le Crédit agricole ou encore la MSA (mutualité sociale agricole).

Qui a participé à ce projet et quel était le rôle de chacun ?

Le foyer rural de Lapeyrouse s’est impliqué dès 2019, notamment par mes soins, car j’étais aussi adjointe au maire. La mairie de Saint-Félix-de-Villadeix a apporté un soutien logistique, le terrain lui appartenant. Elle a aussi porté le financement de l’opération avec le foyer rural.

La conception du parcours a été assurée par des structures professionnelles pour le terrassement du chemin. Pour ce qui est des éléments de guidage et d’accueil des personnes handicapées, nous avons fait appel aux ergothérapeutes du Conseil départemental et à des éducateurs spécialisés de l’association de parents d’enfants inadaptés (APEI) ou encore de la structure des Papillons Blancs de Bergerac qui travaille avec les handicapés. Ils nous ont conseillé des agrès bien adaptés aux différentes formes de handicap et des méthodes de signalisation menant chaque usager à l’autonomie sur le parcours.

Du physique au cognitif : vers un enrichissement du parcours de santé adapté

Vous avez reçu le label “tourisme et handicap” en 2023. Qu’est-ce que cela signifie pour votre village ?

Ce label vient récompenser la création de ce parcours accessible à tous. Il permet aussi de paraître dans des éléments de communication tels que les catalogues de vacances dédiés aux personnes handicapées, les amenant à réserver des séjours à proximité de notre parcours.

Cela nous apporte une dynamique économique puisque les touristes handicapés vont venir en vacances dans le coin parce qu’il y a ce parcours de santé. Ils vont aller dans des restaurants aux alentours parce qu’il y a ce parcours de santé.

Comment pourriez-vous pousser plus loin vos actions ? Que manque-t-il à la commune pour agir davantage ?

Ce parcours représente en effet la tranche physique des actions. Nous sommes désormais en train de développer la tranche cognitive de l’opération. Nous réunissons actuellement des partenaires financiers et opérationnels pour créer un parcours d’interprétation naturelle, pour permettre aux personnes de découvrir les arbres de la forêt et un site archéologique majeur avec des panneaux en braille et des jeux pour les enfants.

Avec quels acteurs du territoire coopérez-vous sur le sujet du handicap ?

Nous travaillons avec le Conseil départemental, nous discutons également avec la CAB pour débloquer des financements pour ce projet et nous échangeons aussi avec l’Europe pour drainer des fonds et réaliser la partie cognitive du parcours santé.

Propos recueillis par Valentin Nonorgue, le 12 juillet 2024.