À Monbazillac, le festival Les Drôles Lecteurs fait face au manque d’argent par la solidarité citoyenne
Voilà quinze années que le festival de littérature jeunesse Les Drôles Lecteurs se tient à Monbazillac. Les 24 et 25 mai 2024, une trentaine de classes rencontreront des auteurs et illustrateurs déjà invités à l’événement. Le hic ? Un manque criant de ressources pécuniaires, en période de coupes budgétaires dans le secteur culturel, fait planer l’incertitude sur l’avenir du festival.
Heureusement pour l’organisation, une cagnotte a bien fonctionné, permettant de sauver la tenue de l’édition 2024 du festival et d’envisager une reconduction en 2025.
Seul événement consacré à la littérature jeunesse en Grand Bergeracois, le festival Les Drôles Lecteurs en est à sa 15e édition à Monbazillac. Les 24 et 25 mai prochains, 32 classes du Grand Bergeracois, de la maternelle au lycée, rencontreront des auteurs-illustrateurs jeunesse prestigieux, notamment édités par la maison Little Urban, et participeront à des ateliers d’expression artistique.
Un programme ficelé, une tenue en danger
Le vendredi 25 mai au soir, un spectacle de dessin et de musique mettra en scène l’ouvrage Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya, au centre de l’édition 2024 du festival.
Tout au long du festival, une exposition recensera les travaux des élèves réalisés depuis le mois de janvier 2024 en collaboration avec des auteurs. Le thème de l’année : “Ici et ailleurs” dont découle des productions graphiques, picturales et poétiques des jeunes du Grand Bergeracois.
Pour boucler l’événement, entre 12 000 et 15 000 € sont nécessaires. Chaque année, les bénévoles de l’association avancent près de 3 000 € pour assurer les dépenses en temps et en heure. Et si l’association Eclats de Lire vivait jusqu’ici avec des fonds de roulement, cette année, ceux-ci sont épuisés. Car le coût de la vie augmente, donc – mécaniquement – celui des frais d’organisation aussi. Or, les subventions perçues, elles, stagnent voire diminuent.
La solidarité citoyenne, clé de la quiétude
D’où l’activation de la sonnette d’alarme, fin mars 2024, pour demander de l’aide via une collecte sur le site HelloAsso. Objectif : 3 000 euros afin de financer les rencontres des auteurs avec les classes (500€ par auteur par jour) et les dépenses annexes liées aux repas, hébergements et déplacements des auteurs et éditeurs du festival. “Nous comptons 9 000 € de budget pour les rencontres des auteurs et entre 3 000 et 4 000 € pour les autres frais”, confie Denis Lefranc, président de l’association Éclats de Lire, organisatrice de l’événement.
“L’élan de solidarité a bien pris”, se réjouissait notre interlocuteur 10 jours avant l’ouverture du festival. Le 14 mai 2024, plus de 2 000 euros avaient été collectés via la campagne de financement. Plusieurs associations (PARI Bergerac Rive Gauche, Kiwanis la PEEP) ont aussi aidé financièrement la structure porteuse de l’événement.
Cette solidarité des particuliers est requise pour compenser l’incertitude laissée par les financeurs classiques. Le jeu des subventions, dont la demande se fait de manière dématérialisée sur Internet, attise l’angoisse. “Ce qui nous plombe, c’est le décalage de 3 à 4 mois entre le moment de la demande des subventions sur internet et la réponse que nous obtenons. Il y a aussi parfois un décalage entre le montant que nous demandons et le montant qui nous est alloué.”
Anticiper les financements pour se concentrer sur l'organisation
En avril, un mois avant le début du festival, la Région Nouvelle-Aquitaine n’a pas augmenté la subvention allouée au festival, le Département de la Dordogne n’a toujours pas donné de réponse. La Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe (SAIF), impactée par les baisses du budget de l’Etat alloué à la culture, a fait le choix de ne pas soutenir financièrement le festival Drôles Lecteurs. “Nous tenons cependant à remercier la Communauté d’agglomération bergeracoise qui a entendu notre demande et a augmenté sa participation de 50%”, conclut Denis Lefranc d’un ton positif.
Pour pérenniser l’événement, les organisateurs du festival estiment essentiel de réunir leurs partenaires les plus anciens (CAB, Département, Région) pour être sûrs le plus tôt possible des montants alloués. “Cela nous permettrait de ne pas dépenser une énergie folle à chercher des financements jusqu’au dernier moment et de nous concentrer sur l’organisation des ateliers avec les auteurs et les classes d’école.”
Un gage d’assurance qui permettrait également de ne pas augmenter le montant demandé à chaque classe, actuellement situé à 65 euros. Car si le festival perdure, ce n’est pas dans l’objectif d’augmenter sa capacité. Sa taille humaine permettant aux auteurs invités d’avoir le temps et l’espace pour échanger et inspirer les jeunes locaux à tracer les courbes de leur imaginaire et ainsi dessiner leur avenir.
Un article rédigé par Valentin Nonorgue.