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Mathieu Labat, directeur de l’hôpital de Bergerac : “Pour attirer des médecins, il faut valoriser le Grand Bergeracois”

Hôpital de référence du Grand Bergeracois, le centre Samuel Pozzi est la plaque tournante du système de soins sur le territoire. Son directeur Mathieu Labat nous présente sa stratégie d’établissement et les tendances actuelles du secteur hospitalier.

Notamment sujet aux difficultés de recrutement du personnel médical, l’hôpital de Bergerac développe des projets porteurs, tente de valoriser la qualité de vie du Grand Bergeracois et de renforcer ses coopérations avec les acteurs locaux et les hôpitaux voisins.

Quel est le rôle du centre hospitalier Samuel Pozzi dans l’offre de soins globale en Grand Bergeracois ?

Pour la majorité des habitants, c’est l’hôpital de référence vis-à-vis de la plupart des pathologies. Ici, nous sommes capables de traiter la médecine polyvalente et de spécialité sur quasiment toutes les pathologies. Seules quelques-unes manquent à l’appel. Nous avons aussi une maternité et un certain nombre de chirurgies qui sont présentes sur Bergerac. En revanche, il faut qu’on soit capables de coopérer avec d’autres centres hospitaliers pour les cas qui nécessitent de gros plateaux techniques, tels que la réanimation par exemple.

Renforcer l'offre de soins de l'hôpital de Bergerac grâce à des projets porteurs

Quels sont les principaux enjeux auxquels fait face l’hôpital actuellement ?

Le premier est de renforcer l’offre de soins. Notre département est confronté à des difficultés de recrutement. À la fois des difficultés de recruter des médecins généralistes en ville mais aussi des complications dans le recrutement de médecins spécialistes dans les établissements de soins du Bergeracois. Pour renforcer l’efficacité de notre offre de soins, nous avons aussi l’objectif de dégager du temps médical aux médecins en déléguant un certain nombre de tâches à des infirmiers ou à des assistants médicaux.

Voilà deux ans que vous dirigez l’hôpital de Bergerac. Comment avez-vous géré ces problématiques de recrutement ?

Le plus important est d’avoir des projets qui soient porteurs, pour attirer des médecins. Aujourd’hui, notre établissement fourmille de projets et c’est cela qui intéresse les médecins. Comme nous sommes en concurrence avec des territoires voisins qui ont des caractéristiques communes, il faut d’abord valoriser le Grand Bergeracois. Nous avons quand même une belle qualité de vie, qu’on observe par son côté touristique notamment avec la viticulture et la gastronomie.

Par ailleurs, nous proposons un certain nombre de services comme la Maison des hospitaliers qui permet de prendre soin de notre personnel et qui développe l’attractivité.

Quels projets de santé développez-vous au sein de l’hôpital ?

Le premier projet vise à regrouper les activités de chirurgie qui se déroulent sur la ville de Bergerac. Nous allons bientôt lancer la phase opérationnelle de travaux pour rassembler les plateaux de chirurgie de la clinique privée Pasteur et de l’hôpital Samuel Pozzi sur les lieux du centre hospitalier. Ce projet est vraiment attractif pour les chirurgiens et les anesthésistes car nous aurons des équipes plus importantes en nombre. Or, il est beaucoup plus facile de recruter le 4e ou le 5e d’une équipe médicale que de recruter le 2e ou le 1er… 

Nous portons également le développement d’activités spécialisées, notamment sur l’endocrinologie, la rhumatologie. Nous avons également réussi plusieurs recrutements de jeunes médecins et nous comptons désormais sur l’effet boule de neige pour que d’autres praticiens soient attirés. C’est la même chose sur le laboratoire de biologie où nous étions quasiment à court de médecin. Nous avons pu recruter une chef de service qui commence à faire venir d’autres médecins.

Coopérer avec les autres hôpitaux pour fluidifier les parcours des patients

Bergerac est à proximité d’une métropole active et dynamique qu’est Bordeaux. Comment jonglez-vous entre l’attractivité que cela peut apporter et le fait de ne pas trop entrer en concurrence ?

Nous sommes tout de même à une heure et demie de Bordeaux, ce qui n’est pas si proche que cela. On essaye cependant de se positionner comme un établissement de proximité en jouant sur notre petite taille, avec nos moins de 1 000 salariés quand le CHU de Bordeaux en compte 15 000. Lors des phases de recrutement, nous affirmons aux candidats qu’ici ils seront vraiment considérés. Ils ne seront pas qu’un numéro et les portes de la direction et de l’administration leur sont ouvertes.

Comment vous placez-vous vis-à-vis des hôpitaux voisins comme ceux de Bordeaux ou de Périgueux ? Y a-t-il une logique de coopération pour se répartir les prestations de soins ?

Nous sommes de plus en plus dans une logique de gradation des soins. La métropole de Bordeaux est saturée en termes d’habitants et de demande de soins hospitaliers. Nous travaillons donc pour que les parcours des patients soient aussi fluides que possible. Une structure de proximité comme Bergerac doit ainsi trouver sa place aux côtés de la structure intermédiaire qu’est Périgueux et du CHU de Bordeaux auquel nous devons uniquement réserver les cas d’expertise pour certaines pathologies précises.

L'hôpital de Bergerac en quête de coopérations locales

Hors du domaine purement hospitalier, quelles sont les coopérations que vous nouez avec des acteurs du territoire ?

Nous sommes par exemple en train de mettre en place le tri par compostage des déchets alimentaires. L’hôpital étant un grand producteur de déchets du fait de son activité importante, nous avons inscrit la volonté de limiter notre impact écologique au sein du plan de développement du centre hospitalier.

Nous coopérons aussi avec la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) du Bergeracois.

Dans les années à venir, il faudrait qu’on développe davantage nos partenariats autour du handicap, par exemple avec la structure Les Papillons Blancs de Bergerac et la Fondation John Bost.

Quelles actions pourriez-vous mener aux côtés des partenaires du secteur du handicap ?

Je pense à l’amélioration du parcours de certains patients qui pourraient être directement hospitalisés dans le service de soins requis plutôt que de passer par les urgences. Cela induit que toutes les structures du handicap aient une meilleure connaissance de la manière dont fonctionnent nos services afin de faciliter le travail de nos professionnels. C’est pourquoi il est important d’avoir des partenariats avec ces acteurs-là.

Quelle est votre vision du territoire du Grand Bergeracois ?

Pour moi, c’est un bassin de vie qui a un vrai sens. C’est vraiment l’échelon pertinent notamment pour mener les actions publiques. D’autre part, c’est un territoire qui a l’air plus attractif qu’il ne l’est vraiment, sûrement de par son caractère très touristique. C’est une chose de venir en vacances quelque part, c’est une autre de s’y installer. Il y a donc un gros travail à continuer de mener pour valoriser davantage l’aspect économique, la qualité de vie et la qualité de l’éducation qu’on peut proposer à ses enfants.

Propos recueillis le 29 avril 2024 par Valentin Nonorgue.