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Lalinde : “L’Imaginaire” ou les réalités d’un café associatif en quête de visibilité

Le café associatif de Lalinde, fondé par Christel Dochy et son compagnon Régis Bataille.
Le café associatif de Lalinde, fondé par Christel Dochy et son compagnon Régis Bataille.

Ouvert à Lalinde depuis septembre 2022, le café associatif L’Imaginaire organise des animations culturelles pour favoriser le lien social et travailler autour de la récupération des déchets.

Envie de réfléchir à un monde meilleur par le biais de la culture et besoin criant de bénévoles et d’activités pour valoriser les habitants locaux : entretien avec Christel Dochy, fondatrice de L’Imaginaire, sur les hauts et les bas d’un projet jeune d’un an et demi.

Ouvert les mercredi et samedi après-midi et le jeudi matin pendant le marché de Lalinde, L’Imaginaire propose également à ses 101 adhérents des soirées à thème chaque vendredi.

Quelles activités propose le café associatif L’Imaginaire à Lalinde ?

Le café est un lieu d’échanges et de rencontres. Le tout est accompagné par des boissons chaudes et par notre propre jus de pomme, vendus à des prix raisonnables. Nous pratiquons aussi le principe du café suspendu pour offrir une consommation à un usager précaire. Nous y organisons des animations comme une soirée jeux, un café philosophique ou encore des ateliers de couture et de lecture. Nous travaillons aussi autour de la récupération des déchets avec un café-répare, en collectant des bouchons de liège pour la lutte contre le cancer et en hébergeant l’atelier pédagogique Tire L’Bouchon, mené par mon compagnon Régis Bataille et moi-même. Nous fabriquons des jouets et marionnettes avec des matériaux de seconde main puis nous proposons des spectacles pour relier l’expression artistique et la sensibilité environnementale.

Un café associatif faiseur de lien et éveilleur de conscience

Comment en êtes-vous venus à créer le café associatif L’Imaginaire ?

En 2021, mon compagnon et moi avons acheté notre habitation. Elle était vendue avec un ancien restaurant. Le projet est parti de la présence de la cuisine du restaurant et de tout le matériel qui l’accompagnait. On a fait une demande par le biais de notre réseau local pour savoir qui voulait prendre part au projet. Puis nous avons créé une association de loi 1901, composée d’un bureau de trois membres et de quatre bénévoles. Au départ, l’effet de la nouveauté a drainé du monde puis l’effervescence s’est tassée petit à petit. Aujourd’hui, on se demande si on répond à un réel besoin sur le territoire lindois…

Personnellement, qu’est-ce que vous apporte la gestion du café associatif ?

Après avoir travaillé dans le tourisme et validé un DEJEPS d’animatrice en éducation à l’environnement, j’avais envie de faire de l’animation et de la coordination de projet. Le café associatif me permet d’avoir une expérience professionnelle. Entre la comptabilité, le programme d’animations, l’organisation des concerts : je touche à tout. Le deuxième avantage est le nombre impressionnant de personnes qu’on a rencontrées. J’essaye de les mettre en lien et en valeur au maximum. L’idée est aussi de permettre à des gens conscients des enjeux environnementaux de se rencontrer et de réfléchir ensemble aux solutions pour préserver notre planète. Le tout en étant positif et joyeux.

Le café associatif de Lalinde organise des soirées jeux.

“Ouvrir pour les mouches, c’est inutile”

Comment se porte L’Imaginaire d’un point de vue financier après un an et demi d’existence ?

Aujourd’hui, le café associatif est autonome pour les frais de fonctionnement. La prochaine étape sera de pouvoir dégager un loyer, que nous payons personnellement pour l’instant, ou un salaire pour financer mon temps de travail. Mais répondre à des appels à projet ou candidater pour des subventions, c’est chronophage. Si au bout de trois ans, on se rend compte que l’activité ne répond pas aux besoins du territoire ni à mes propres besoins, alors je devrais arrêter.

Quel regard portez-vous sur le rayonnement de vos actions après un an et demi d’existence ?

Je ne le cache pas, on est fragile. Quand on fait des événements qui marchent, on devient impatient. Or, quand on fait des animations où très peu de monde vient, on se demande ce qu’on a loupé. Avec le bureau, nous avons donc décidé de fermer le café les vendredis où nous ne parvenons pas à trouver des intervenants pour nos animations. Car ouvrir pour les mouches, c’est inutile.

Quels sont vos rapports avec les collectivités locales ?

La mairie nous aide pour la communication. Chaque mois, j’envoie notre programme d’animations à la chargée de communication de Lalinde. Elle publie ainsi nos actions sur Panneau Pocket. Ils nous prêtent du matériel comme des tables, des chaises, des rétroprojecteurs. Ils facilitent aussi la sécurisation de notre concert-événement annuel, en nous autorisant à fermer la rue. Ce serait génial d’être davantage en lien avec la communauté de communes. Elle pourrait nous apporter un réseau, un support de communication et puis des subventions.

Le café associatif de Lalinde mêle culture et éveil environnemental des consciences.

“On a envie que les gens nous fassent confiance”

Quels types d’animations souhaitez-vous développer pour apporter plus de visibilité à l’association ?

Les concerts sont de superbes vecteurs d’affluence et de communication. En revanche, ils demandent beaucoup de moyens et d’énergie donc on se limite à 3-4 concerts par an et 4 vernissages par an. Pour le côté artistique, il serait génial de trouver des personnes qui souhaitent animer des ateliers musicaux pour continuer de donner vie à l’association sans payer la SACEM par exemple. Ou de travailler avec un artiste peintre sur la composition d’aquarelles végétales en utilisant des éléments naturels comme le rouge garance et les jus de carotte et de betterave. En bref, faire en sorte de se divertir sans avoir besoin d’acheter.

Quel est le besoin fondamental auquel vous faites face actuellement ?

On a envie que les gens nous fassent confiance. Qu’ils participent à nos animations, qu’ils organisent des ateliers. D’autre part, je sens que je risque de m’épuiser si je ne suis pas entourée par des bénévoles actifs avec qui réfléchir et stimuler le projet. Aujourd’hui, je passe environ 15 heures par semaine au café associatif. Mais même en n’étant pas payée, je suis riche des rencontres et des moments que m’apporte L’Imaginaire.

Si vous repartiez à zéro, que feriez-vous différemment ?

Lors de la rédaction du projet, j’ai pris exemple sur des cafés associatifs d’autres territoires. Mais j’ai fait l’erreur d’oublier de considérer les activités menées par les 70 associations déjà implantées sur le pays lindois. Or, je ne cherche pas à empiéter sur les actions des autres. Donc si notre café associatif n’apporte pas sa propre réponse à un réel besoin du territoire, nous n’allons pas le laisser ouvert pour toujours.

Propos recueillis par Valentin Nonorgue, le 20 février 2024.