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Tourisme : de Cadouin à la France entière, Au Fil du Temps tisse la renommée de lieux historiques

Depuis 1997, l’association Au Fil du Temps est située à Cadouin, dans le Grand Bergeracois. Au fur et à mesure des actions, l’association a lancé un bureau d’études et un atelier de fabrication d’outils signalétiques.

Cette structure de patrimoine et d’environnement a développé une véritable expertise dans la mise en valeur et l’animation de lieux touristiques. Focus sur les actions menées par Au Fil du Temps via l’interview de son président, David Faugères.

À quels publics s’adressent vos actions ?

Nous travaillons avec les scolaires du Grand Bergeracois, qui viennent à la journée ou en séjour d’apprentissage. Notre bureau d’études travaille avec l’agglomération bergeracoise, avec le Grand Bergeracois et avec les trois communes propriétaires de nos trois lieux phares (Couze, Belvès, Limeuil).

Comment oeuvrez-vous à la valorisation du patrimoine local ?

Dans nos actions, il existe deux parties. Le bureau d’études permet de définir une stratégie en avant projet avec la collectivité ou le client. Nous pouvons ensuite développer une signalétique (contenus, illustrations, infographies) extérieure ou intérieure lorsque nous travaillons avec des musées. Depuis trois ans, nous avons lancé l’Atelier du Patrimoine à Cadouin. Il permet de fabriquer nous-mêmes nos outils de signalétique et de vendre nos prestations à des territoires ou à d’autres bureaux d’études.

Vous proposez des visites actives sous le slogan “On pratique pour comprendre”. En quoi consistent-elles exactement ?

Pour s’approprier le patrimoine, on doit pouvoir le pratiquer. Nous proposons donc des ateliers patrimoine. Au cloître de Cadouin, par exemple, les enfants peuvent pratiquer la sculpture pour mieux comprendre les œuvres sculpturales qui y sont en place.

Il y a aussi la notion de “plaisir d’apprendre”. Quelles astuces employez-vous à ce sujet ?

L’histoire-géographie doit être une matière passionnante. Au Fil du Temps s’attelle à raconter les événements historiques, à faire visiter les lieux phares du territoire en gardant un côté ludique. Celui-ci est indispensable pour tenir en éveil les personnes que nous guidons dans leur découverte du patrimoine périgourdin.

TOURISME, PATRIMOINE ET GRAND BERGERACOIS

Comment définissez-vous le patrimoine du territoire Grand Bergeracois ?

Plusieurs éléments font sa renommée. Il y a la rivière Dordogne, le cœur des bastides, les vignobles qui sculptent son paysage. On peut y faire des randonnées, visiter des monuments pour s’imprégner de son décor et de son histoire.

Vous animez trois sites que sont la Filature de Belvès, le Moulin de la Rouzique et les Jardins panoramiques de Limeuil. Comment les gérez-vous ?

À Belvès, nous animons l’écomusée de la Filature avec des activités et travaillons autour de la production locale de laine animale. Toute une ingénierie d’animation du patrimoine nous a amenés à travailler sur la signalétique.

À Limeuil, nous avons réfléchi à la valorisation de l’ancien château-fort. Nous l’avons alors transformé en jardins panoramiques il y a 20 ans.

Ensuite, nous avons travaillé sur le Moulin à papier de Couze. On y a introduit de la médiation auprès des visiteurs et replacé la fabrique de papier en son sein.

Depuis, des territoires extérieurs à la Dordogne nous ont contactés pour mettre en lumière leur patrimoine. 

Selon vous, que manque-t-il au patrimoine local pour rayonner davantage ?

Ça fait presque 30 ans que je travaille dans le tourisme sur ce territoire. Ce qu’il manque, c’est une structuration solide des différents acteurs du tourisme en Grand Bergeracois. Une fois c’est Bergerac qui phagocyte le reste, une fois ce sont les Bastides qui veulent leur indépendance. On n’a toujours pas compris qui menait réellement la barque sur le territoire. Il y a toujours des histoires de personnalités, des jeux politiques qui freinent le bon développement du Grand Bergeracois.

D’autre part, le vignoble n’est peut-être pas suffisamment mis en valeur. Il y a peu d’accès au vignoble local, on manque de parcours découverte au sein des vignes par exemple.

Comment participez-vous aux débats sur la stratégie locale du tourisme ?

Par le passé, j’ai été plus impliqué dans les commissions de décisions liées à l’activité touristique. Aujourd’hui, je suis un peu fatigué du combat politique sur le territoire. On a sans cesse des guéguerres intestines entre la droite et la gauche ou entre tel homme politique et tel autre.

En plus de cela, c’est toujours un vrai chemin de bataille pour faire valider une initiative dans les collectivités. Rien à voir avec le milieu de l’entreprise où les idées sont rapidement concrétisées. Il y a un côté frustrant car entre l’idée et sa réalisation, le temps est long.

L’ASSOCIATION : QUEL FONCTIONNEMENT AU QUOTIDIEN ?

De quel constat est partie la création de la structure ?

Nous faisions des formations sur le patrimoine entre géographes et historiens et nous nous disions que cela pouvait être ennuyeux. Avec les collègues, nous avons voulu donner un coup d’énergie à ces activités de découverte du patrimoine. L’idée est de faire partager des connaissances et des découvertes à travers des outils de médiation. Nous avons commencé par des animations pédagogiques avec des élèves de classe découverte, venus des 4 coins de la France

Combien de personnes travaillent autour des activités d’Au fil du temps ? Quelles sont les recettes que vous dégagez ?

Nous comptons 20 salariés à l’année, nous montons à 35 avec les saisonniers en été.Nous avons toujours souhaité avoir des recettes d’activité. Cela nous permet de ne prétendre qu’à très peu de subventions publiques. En 2023, notre chiffre d’affaires tournait autour d’1,2 million d’euros. Cela nous permet de financer l’achat de bâtiments et de matières premières.

Quels besoins rencontrez-vous aujourd’hui afin de porter plus loin vos actions ?

Nous n’avons pas de grand besoin, si ce n’est le bénévolat. En zone rurale, il est assez compliqué de trouver suffisamment de personnes qui s’engagent dans des actions bénévoles.

Avec qui serait-il intéressant de coopérer pour toujours mieux couvrir le territoire du Grand Bergeracois ?

Je vois passer des éléments autour de l’économie sociale et solidaire à propos de tiers-lieux ou de circuits de réutilisation de matériaux. On pourrait rentrer dans ces réseaux-là, car notre parc matériel pourrait être utile à d’autres acteurs du territoire. Notre atelier de ferronnerie pourrait aussi être mis à disposition d’autres locaux.

Propos recueillis le 27 octobre 2024, par Valentin Nonorgue.