L'activité touristique de l'été en Portes Sud Périgord : "Peut-on encore parler de haute saison ?"

Interview d’Anne-Marie Jebouji, directrice de l’office de tourisme Portes Sud Périgord. Chiffres clés, nouveautés et enseignements à en retirer : nous faisons le point sur la saison estivale qui vient de s’achever.
Qu’est-ce qui fait la force de Portes Sud Périgord en période touristique ?
Nous avons la chance d’avoir une Bastide à Eymet et une Cité Médiévale à Issigeac. Certes nous n’avons pas de site majeur comme d’autres territoires mais nos deux villages sont restés authentiques. Il fait bon y flâner, y boire un verre sur une des terrasses et observer ces joyaux d’architecture. Nous avons la chance d’avoir une dynamique l’été et les touristes ne peuvent pas s’ennuyer. Que ce soit les activités de pleine nature, notamment les sentiers de randonnées très prisés, les événements culturels ou plus populaires, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
“Peut-on encore parler de haute saison” quand celle-ci dure 2 à 3 semaines ?
Comment s’est déroulée la saison estivale 2024 sur le territoire de Portes Sud Périgord ?
On retrouve des tendances pré-covid avec des chiffres de fréquentation qui reviennent à la tendance de 2020. Après une belle augmentation de la fréquentation lors des trois années post confinement, on note une baisse de fréquentation sur l’avant saison jusqu’au mois de juillet. Cela s’explique en partie par une météo exécrable, un contexte économique et politique non favorable. Le mois de mai a bénéficié d’un calendrier favorable avec des jours fériés propices aux séjours prolongés. La haute saison a démarré sur la première semaine d’août, mais finalement peut-on encore parler de “haute saison” au vu de sa durée qui n’est que de 2 voire 3 semaines. La météo de l’an passé sur l’arrière saison avait permis de bénéficier d’une bonne fréquentation, ce qui n’a pas été le cas cette année. Mais attendons la fin de l’année pour faire un bilan complet sur l’année, car même s’ il existe une saison plus marquée en été, nous avons sur l’ensemble des autres mois un vrai service public avec une clientèle locale.
Quels sont les chiffres de l’été 2024 à retenir ?
Sur nos deux bureaux nous accueillons en année normale 20 000 personnes environ. Chaque bureau a ses spécificités avec des jours de fréquentation différents. Les jours de marchés par exemple sont propices à un accueil plus important tout comme les jours de manifestation.
Nous enregistrons 20% de fréquentation en moins sur la période juillet et août sur l’ensemble des deux bureaux, toutes nationalités confondues. Cette baisse de fréquentation n’est pas liée à notre territoire mais a été relevée sur l’ensemble du territoire français.
À Eymet et Issigeac, nous bénéficions d’une clientèle de passage dont 80% de notre clientèle est d’origine française avec les régions qui se démarquent comme la Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire et l’Ile de France. Pour les clientèles étrangères, sans grande surprise le Royaume-Uni arrive en tête, suivi des Pays-Bas et de l’Espagne.
Le moulin de Citole : “valoriser un patrimoine en perdition et transmettre un savoir-faire oublié”
Quels sont les sites touristiques qui connaissent une belle ascension sur votre territoire ?
Sur Portes Sud Périgord nous n’avons pas de sites touristiques majeurs. Cependant, la communauté de communes a eu la volonté, avec l’association des Amis du Moulin de Citole, de réhabiliter le moulin à vent de Sadillac. Cette opération de sauvegarde a été une réelle opportunité pour valoriser un patrimoine en perdition et transmettre un savoir-faire oublié. De juin à octobre, les visiteurs peuvent observer les ailes et le mécanisme du moulin, accompagnés par un collectif de passionnés. Ce moulin à vent est l’un des derniers édifices encore présents sur le territoire, ce qui en fait une force pour notre territoire.
Ce site vient renforcer les points d’intérêts en complément de nos villages. Certes on est loin de la fréquentation des châteaux de proximité, mais les visiteurs sont ravis de découvrir ou redécouvrir un de ces métiers oubliés.
Notre reportage vidéo sur le moulin de Citole, à regarder ici.
Certains disent “on n’a pas eu d’été…” Que répondez-vous à cette affirmation ?
Certainement que ces personnes font référence à la météo défavorable que nous avons eu cette année, et je suis bien d’accord avec eux. Les saisons sont beaucoup moins marquées qu’à une époque. L’été 2024 n’aura pas été un grand cru pour les professionnels du tourisme, cependant même avec une baisse de la clientèle touristique on peut dire que nos villages ont bien été fréquentés.
La météo joue beaucoup en matière de fréquentation touristique, surtout sur les ailes de saison. Effectivement la typologie de cette clientèle provient des bassins limitrophes. Si la météo est favorable, la fréquentation est bonne.
Quelles nouveautés avez-vous lancées cet été ? Quelles en ont été les retombées ?
En été, les événements récurrents et l’accueil nous prennent beaucoup de temps alors les nouveautés sont plutôt fléchées sur l’avant et l’arrière saison avec “Châteaux en Fête” et “Fête des Bastides & du Vin”, lancés à l’initiative du Comité Départemental du Tourisme.
Comment avez-vous clôturé la saison touristique 2024 ?
Pour clore la saison touristique le département a lancé un nouvel événement qui s’appelle La Fête des Bastides & du vin. Le département prend en charge la communication au sens large du terme, et chaque Bastide a en charge l’organisation de son événement, ce qui est le cas à Eymet.
C’est un pari que d’organiser un tel événement en cette période et inédit mais cela reste une belle aventure, ne serait-ce qu’en termes de partenariat avec les différentes associations et tous les bénévoles qui nous ont rejoint pour la réussite de cette manifestation.

L'activité touristique pour tous : “Ne pas oublier les locaux, demandeurs d’événements”
Observez-vous de nouvelles tendances qui se dégagent dans le type de tourisme pratiqué ?
La période Covid a effectivement affirmé “le tourisme expérientiel”. Les touristes se tournent vers des offres qui changent de l’ordinaire, qui les déconnectent complètement, les immergent et les font rêver. Le touriste de nos jours ne veut plus être spectateur de son séjour mais bien acteur. C’est-à-dire qu’il veut vivre une expérience, vivre des moments inédits, créer des souvenirs, de l’émotion et des sensations.
Quel regard portez-vous sur le défi d’être très actifs l’été et de proposer des événements pour les locaux hors saison estivale ?
Il est vrai que l’été, les animations sur notre territoire ne manquent pas. Tant mieux pour la clientèle touristique, mais il ne faut pas oublier les locaux qui sont là et qui sont demandeurs d’événements soit pour eux, pour leurs enfants ou petits-enfants. Nous avons la chance à Eymet ou à Issigeac d’avoir un collectif associatif important qui propose toute l’année tous types d’animations et pour tous les âges. Les infrastructures à Eymet, et notamment l’Espace Culturel permettent de proposer spectacles, cinéma, théâtre etc. Les Eymetois ou les “nouveaux arrivants” nous font souvent la remarque que notre petite ville est dynamique et conviviale.
Comment pensez-vous vous améliorer au regard de cette saison et en perspective de l’année prochaine ?
L’idée est de maintenir nos actions et nos évènements récurrents, d’accompagner la demande de nos visiteurs avec des réponses personnalisées. Avec l’arrivée du WEB2.0, la clientèle trouve beaucoup d’informations, mais certains sont tout de même un peu perdus. Ceux qui passent la porte d’un bureau d’accueil sont en attente d’un renseignement précis et nous leur apportons un petit plus qu’ils ne peuvent pas trouver sur la toile.
Propos recueillis en octobre 2024, par Valentin Nonorgue.