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Le projet “CélA Vie” : lutter contre le décrochage scolaire dans un tiers-lieu de confiance

Au comptoir du café associatif, les jeunes du PAPS rencontrent les bénévoles de l’association CélA.

Comment accélérer la transition économique sociale et solidaire sur le territoire bergeracois ? L’association CéLA propose de nouvelles façons de collaborer, d’échanger, de consommer au sein d’un tiers-lieu partagé entre ateliers, jardin, café associatif et ressourcerie. Dans un élan novateur d’éducation, CélA coopère avec le Pôle d’accompagnement à la persévérance scolaire de Bergerac pour proposer des ateliers ludiques et alternatifs aux lycéens.

Vendredi après-midi, début du mois de mai. Près d’une heure avant l’atelier, une demi-douzaine d’élèves est déjà sur les canapés ou au comptoir du café associatif. Ils discutent et badinent avec les bénévoles de l’association CélA.

Inscrits à la mission de lutte contre le décrochage scolaire, ces jeunes Bergeracois âgés de 16 à 18 ans profitent d’un endroit où les liens inter-générationnels se tissent, où les savoir-être et les savoir-faire se façonnent.

Ici, c’est un tiers-lieu, ce n’est ni chez eux, ni une entreprise, ni une école.” explique Marie-Line Magrés, coordinatrice à la mission de lutte contre le décrochage scolaire de Bergerac. Ce tiers-lieu est celui de l’association CélA. Depuis 2020, son président Patrick Laurent et le Pôle d’accompagnement à la persévérance scolaire (PAPS) du lycée Hélène Le Duc de Bergerac y ont lancé des après-midi “découverte”. “Nous leur proposons des ateliers dans lesquels ils apprennent de façon ludique. Si nous le faisons dans un cadre scolaire, ça ne fonctionnera pas. Nous sommes là pour eux, et uniquement pour eux.”

Auréolée du label de l’Éducation nationale, l’association CélA accueille le projet “CélA Vie” en pleine crise du Covid. Les compétences d’encadrement de ses bénévoles sont reconnues. Une enveloppe de 2 000 euros lui est allouée chaque année pour que les jeunes “retrouvent confiance en eux et en les adultes, souffle Marie-Line Magrés. Les jeunes bénéficient cette année de 15 séances de deux heures où l’apprentissage et la convivialité sont de mise. “On n’a pas l’impression d’être à l’école, pourtant on apprend quand même” résume Adrien, 17 ans.

Entre les rayons de la ressourcerie et les ordinateurs de l’espace informatique, le temps est au partage.

Un concentré d’éducation citoyenne et de prévention socio-sanitaire

14 heures. L’après-midi débute par l’initiation au compostage. Une pratique “incontournable” pour des citoyens responsables. “Si nous voulons que les gens fassent leur compostage, nous devons transmettre l’information”, martèle Patrick Laurent.

L’atelier est animé par Emmanuel, un bénévole de l’association bien informé des enjeux environnementaux car ancien militant de GreenPeace. Pas de doute, les notions-clés du compostage sont transmises.

Au gré des différentes activités du projet CélA Vie, Sabrina Deffrasnes distille des conseils de santé avec discrétion. “Je sensibilise les publics précaires aux maladies sexuellement transmissibles et les informe des structures de santé qui sont à leur disposition”, précise l’animatrice en santé publique à l’hôpital Samuel Pozzi de Bergerac.

Une bonne demi-heure plus tard. Le groupe revient dans l’enceinte du tiers-lieu. Les adolescents s’assoient entre un rayon de chemises à bas prix et un espace informatique fait d’ordinateurs reconditionnés. Échanges décontractés, taquineries légères, sourire omniprésent. “Ils aiment être là. Ils peuvent parler de ce qu’ils ressentent, ils ont une liberté d’agir et d’interagir”, fourmille Patrick Laurent.

L’apprentissage par les bénévoles, un cas d’école

Les élèves ont ensuite le choix entre 6 ateliers : permaculture, mécanique, musique, culture, art manuel et maroquinerie. Ce dernier est animé par Didier, artisan retraité et bénévole de l’association. Son plaisir : montrer aux jeunes “qu’ils ont des mains” et leur transmettre ses compétences. Mais attention : “Nous ne sommes pas des professeurs”, insiste-t-il.

Ici, aucune autre obligation que le respect. Parcours difficiles, environnement familial délétère, obstacles de santé : nombreux sont les facteurs de décrochage scolaire. “Notre public concerne des jeunes de 16 à 18 ans qui ne sont plus sous obligation scolaire. Alors quand j’entends le rire de cette élève, qui pleurait toute la matinée, je me dis que c’est mission accomplie.” se réjouit Marie-Line Magrés.

Lors de chaque atelier, Patrick Laurent (à gauche) et Marie-Line Magrés échangent sur les progrès des élèves du programme.

Pour certains bénéficiaires du PAPS de Bergerac, le projet a fleuri. Florian Vandroy a connu l’association CélA grâce au programme. Aujourd’hui âgé de 24 ans, il y a été embauché comme animateur d’ateliers pendant plusieurs mois.

Fort de ses résultats, le projet “CélA Vie” inspire désormais les trois académies de la région Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre du certificat de professionnalisation en matière de lutte contre le décrochage scolaire (CPLDS), les enseignants des lycées sont formés à la mise en place de projets en collaboration avec des associations et des tiers-lieux.

La recherche constante de nouvelles idées pour les jeunes

Face au manque de moyens financiers et de personnel enseignant, le projet “CélA Vie” serait l’occasion de développer les activités ludiques. “Ce qui manque, c’est un cours de sport”, regrette Adrien, 17 ans, et Marie-Line de compléter : “La compétition, la reconnaissance, c’est important pour eux. Mais nous avons peu de temps pour réfléchir à de nouveaux projets.”

Heureusement, les jeunes ont des idées. Certains souhaitent discuter en anglais avec des bénévoles ou se familiariser aux logiciels de montage vidéo, d’autres se prennent à rêver d’un tournoi de sport avec les sept autres pôles d’accompagnement à la persévérance scolaire implantés en Dordogne.

Faites vos jeux ! L’association CélA et le PAPS de Bergerac seront ravis de collaborer pour embellir les après-midis des jeunes du lycée Hélène le Duc.

Par Valentin Nonorgue.