À Bergerac, l’Échoppe valorise les producteurs locaux et tente de créer du lien aux abords de l’ESCAT
Ouverte depuis octobre 2022, l’Échoppe est une épicerie de proximité installée sur le site de l’ESCAT, ancien espace militaire converti en fief d’entreprises locales, à Bergerac. Son ambition est de mettre en valeur les denrées des producteurs locaux, dans le cadre le plus écoresponsable possible, et de créer du lien entre les riverains.
Plongée dans les aventures de Delphine Mouret, à la tête de l’Échoppe, dont le gain de visibilité représente le principal défi à surmonter. Elle appelle ainsi à l’aide de la mairie de Bergerac pour populariser ce commerce. Entretien.
Quel est le concept de l’Échoppe ?
Le but est de proposer des produits les plus locaux possibles, la plupart du temps bio, pour permettre aux producteurs d’avoir un lieu où ils sont mis en valeur. Par ailleurs, il est question de créer du lien avec les parents des écoles proches ou pour que la petite mamie du coin qui s’ennuie un peu puisse venir discuter.
Quels types de produits vendez-vous ? Quelle politique de prix menez-vous ?
J’essaye de vendre les produits quasiment au même prix que ceux des producteurs locaux lors de leur vente directe. L’idée est d’être à la fois rentable et attractif pour les clients. Je vends aussi des produits d’artisanat sous la forme de dépôt-vente. Je propose ainsi de la céramique, des fleurs ou de la savonnerie. Le but est de partir sur de l’entrée de gamme, avec des produits bio et locaux, sans les vendre aussi cher que dans les épiceries fines.
Lien social et producteurs locaux via un commerce de proximité
D’où est venue l’idée ou l’opportunité de créer ce commerce ?
Au moment du Covid, un collectif de producteurs de l’ESCAT et des alentours bergeracois ont créé l’association l’ESCAT Lié. Ils proposaient ainsi des paniers de fruits et légumes au sein des locaux de l’Échoppe. Cela développait le côté lien social d’un commerce de proximité, dans une zone qui en manquait cruellement.
De fil en aiguille, les acteurs du territoire ont eu l’envie de tester la viabilité d’un commerce de proximité dédié à des producteurs locaux. En avril 2022, l’ESCAT’Lié a lancé un appel à candidature afin de trouver une personne capable de porter un projet d’épicerie bio et locale.
Quelles structures vous ont accompagnée à la création de l’activité ?
D’abord, la communauté d’agglomération bergeracoise (CAB) a mis à disposition le local aux abords de l’ESCAT pour la modique somme de 50€ par mois. Ensuite, l’association des producteurs a mis à ma disposition un stock de produits que je ne payais qu’après les avoir vendus. Et pour encadrer la création de cette affaire, la structure Coop’Alpha m’a donné accès à un logiciel de comptabilité et à un système de compte en banque géré par la coopérative. J’ai pu travailler avec eux sur la rentabilité du projet, ce qui est extrêmement sécurisant quand on se lance dans une aventure dont on ne connait pas le dénouement. Je me suis donc lancée dans un contrat d’accompagnement à projet d’entreprise. Depuis le 1er août 2024, je suis salariée de Coop’Alpha et suis payée en fonction des résultats du magasin.
Personnellement, quel défi représente la tenue d’un commerce comme celui-ci ?
Pour moi, le principal défi est la visibilité. Il a fallu – et il faut toujours – tout un travail d’identification auprès des habitants du coin, en sachant que cela prend deux à trois ans pour qu’un lieu soit vraiment connu auprès des citoyens. Nous avons installé des panneaux annonciateurs à proximité, et nous misons aussi sur la communication via les réseaux sociaux.
Comment votre activité s’intègre-t-elle dans la vie de l’ESCAT ?
Dans un lieu qui est en train de revivre, qui tourne beaucoup avec des entrepreneurs et des structures de collectivité en lien avec l’alimentation, l’épicerie s’inscrit comme une vitrine des produits qui sont fabriqués à l’ESCAT. L’Échoppe représente aussi un espace de confort pour les travailleurs de l’ESCAT ou pour d’autres travailleurs du coin.
Avec quels acteurs locaux coopérez-vous ?
Je coopère avec la mairie de Prigonrieux qui me commande par exemple des jus de fruits locaux pour les manifestations qu’ils organisent. Je suis également voisine du centre d’hébergement des réfugiés de l’Atelier, j’interagis beaucoup avec les travailleurs sociaux de l’association et les réfugiés.
“La visibilité, c’est le nerf de la guerre”
À quels freins vous heurtez-vous dans le développement de l’activité ?
À un détail pratique qui est la mauvaise isolation de ce lieu qui n’est pas construit pour héberger une activité d’épicerie à la base. L’été, il y fait très chaud, et les produits souffrent. Donc si je pouvais avoir une climatisation viable, ce serait bien. Mais comme je ne suis pas propriétaire du lieu et que je n’ai pas le budget nécessaire, il est difficile pour moi d’enclencher des travaux.
Aujourd’hui, quels sont vos besoins phares pour l’activité de l’Echoppe ?
La visibilité, c’est le nerf de la guerre. Nous sommes éloignés du centre-ville, donc nous avons besoin d’une mise en lumière. Ce serait sympathique que la mairie de Bergerac nous aide dans le développement de l’image de l’Échoppe par exemple.
Avec qui seriez-vous encline à coopérer ? Pour mener quels projets ?
Comme j’aime bien créer de petits ateliers avec des intervenants extérieurs, j’aimerais mettre le lieu à disposition d’artistes ou d’animateurs pour amener de la vie sur le site. En revanche, nous n’avons pas de place pour accueillir ces activités en intérieur, donc il faut qu’il fasse beau.
Propos recueillis par Valentin Nonorgue, le 22 août 2024.