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Bastides du Périgord : le Lions Club, acteur de la solidarité locale en quête de sang neuf

Une photo du Lions Club des bastides du Périgord avec le Secours populaire.
Toutes les deux semaines, le Lions Club des Bastides du Périgord livre au Secours populaire de Lalinde des fruits et légumes bio issus d’un maraîcher local.

« Partout où il y a un besoin, il y a un Lion.” Créé aux États-Unis en 1917, le lionisme compte 1,4 million d’adeptes dans le monde. Parmi les 1 200 Lions clubs français, celui des Bastides du Périgord porte des actions de solidarité depuis 1978. L’association organise des événements en Grand Bergeracois pour soutenir des grandes causes et vient en aide à des personnes nécessiteuses sur le territoire.

Hervé de Libouton, président du Lions club des Bastides du Périgord jusqu’en juin 2024, nous présente les différentes actions menées au long de l’année et détaille le fonctionnement du club. Il expose aussi la difficulté à renouveler les membres des différents clubs, pointant le besoin de déconstruire les préjugés auxquels peuvent être confrontés les Lions.

L’ORIGINE DU LIONS CLUB DES BASTIDES

Depuis 1917, la devise du lionisme est : « We serve », « Nous servons ». Quelles grandes causes servez-vous exactement ?

Tous les Lions Club mènent des actions pour récolter de l’argent destiné aux grandes causes. Soit directement via les actions menées localement, soit indirectement en récoltant des fonds pour des grandes causes : la cécité, la faim dans le monde, Alzheimer, les cancers et l’environnement. Ces cinq causes sont définies par les hautes instances nationales et internationales du lionisme.

En Bastides du Périgord, de quel constat la création du Lions Club local est-elle partie ?

En 1978, des membres du Lions Club masculin de Bergerac ont pointé le fait que toute une partie du territoire à l’est, autour de Lalinde, était difficile d’accès pour leurs actions. Ils ont donc voulu créer un club affilié à celui de Bergerac.

Historiquement, les Lions Clubs séparent les hommes et les femmes. Mais pas celui des Bastides. D’où vient ce choix à contre-courant de la tradition du lionisme ?

En 1989, Pierre Blanc a insisté pour que notre club local des Bastides devienne le premier club mixte de France. Cette volonté a secoué au niveau national et aussi à échelle locale. Mais une fois la tempête passée, tout a bien fonctionné. Il faut dire que l’atmosphère du Lions Club des Bastides est très conviviale et plus détendue que dans certains Lions Clubs. Dans les grandes villes, notamment, il faut avoir un certain standing lors des réunions et des actions. On donne de notre temps et de notre énergie alors si ça se fait dans une ambiance guindée, ce n’est pas drôle.

EN LOCAL, DES ACTIONS ET DES PARTENAIRES ANCRÉS

En France, le lionisme c’est 25 000 bénévoles répartis dans 1 200 clubs. Comment travaillez-vous avec les autres entités ?

Localement, nous coopérons beaucoup avec le Lions Club de Bergerac. En mars par exemple, le Lions Club bergeracois récolte des tulipes. Nous les aidons alors à les vendre à l’est du Grand bergeracois, à Lalinde, et leur reversons tous les revenus. C’est un moyen de propager les actions du Lions sur l’ensemble du territoire.

À Lalinde, la vente de tulipes au mois de mars, dont les recettes sont reversées au Lions Club de Bergerac.

Sur le territoire des Bastides du Périgord, quelles sont les principales actions que vous organisez ?

Nous avons un calendrier avec une action par mois. En janvier, nous vendons des panettones pour financer un chien d’aveugle. En mai, nous avons la Fête des Fleurs où des exposants, notamment horticulteurs, nous payent un stand pour vendre des fleurs, des graines et des arbustes. Les recettes sont allouées à une branche de notre club qui effectue des actions au Sénégal. Nous avons par exemple financé un puits à Casamance ou réparé des sanitaires. Nous avons une compétition de golf qui permet de financer la recherche contre le cancer. En juin, nous offrons un chèque de 300€ aux apprentis des CFA de Bergerac désignés comme particulièrement méritants par les professeurs.

En juillet, nous organisons pour des enfants de familles défavorisées des vacances de deux semaines à Gujan-Mestras, sur le bassin d’Arcachon. En août, nous faisons la Fête des Vins et de la Solidarité. Les exposants nous paient un emplacement et vendent leurs vins. À contrario d’une foire aux vins classique, les sommes qui nous sont versées vont ensuite aux actions menées par le Lions Club.

En octobre, nous vendons des roses jaune pour Alzheimer. En novembre, nous organisons la Fête de l’Arbre dont les revenus sont destinés à la lutte contre le cancer. Et en décembre, nous vendons des saumons fumés pour financer la recherche d’Alzheimer.

À l’échelle locale, le Lions Club propose une aide directe aux populations défavorisées. Comment se manifeste votre aide auprès de ces personnes ?

Une partie de l’argent récolté est conservée pour financer nos actions locales.

Depuis trois ou quatre ans, nous apportons toutes les deux semaines au Secours populaire de Lalinde des cagettes de fruits et de légumes frais achetés à un maraîcher bio et local. Les bénéficiaires en sont contents car cela change des boîtes de conserve.

Par ailleurs, nous pouvons être contactés par une assistante sociale locale qui nous expose les problèmes de personnes du coin. Cela peut être un loyer ou une facture d’électricité impayés, une voiture à réparer, un fauteuil roulant à changer. Dans ces cas-là, nous réunissons notre commission d’action sociale et nous décidons d’un montant à attribuer aux personnes nécessiteuses. 

Au mois de janvier, le Lions Club vend des panettones dont les recettes servent à financer un chien d’aveugle.

Vous citez l’appui des services sociaux locaux dans cette démarche. Comment travaillez-vous ensemble ?

Les assistantes sociales savent en général qu’on existe. Nous leur rappelons régulièrement que nous sommes là pour ça et que les gens n’hésitent vraiment pas à solliciter de l’aide auprès des assistantes sociales. Je sais qu’on peut parfois avoir un peu honte de demander de l’aide lorsqu’on est dans une situation compliquée. Mais il ne faut pas hésiter, car on est là pour ça.

Avec quels acteurs locaux travaillez-vous pour développer vos actions ?

Depuis le temps que le Club est implanté, nous avons tissé un beau maillage d’acteurs qui nous soutiennent. Par exemple, en amont de la Fête des Vins au mois d’août, nous distribuons une revue retraçant nos actions et dans laquelle les entreprises locales achètent un encart publicitaire pour soutenir nos engagements. C’est sûrement là l’avantage d’être un club local et rural. Il est plus facile d’aborder les entreprises du coin comme le boulanger local ou l’Intermarché de Lalinde car nous les connaissons ou nous en sommes clients.

DÉPOUSSIÉRER L’IMAGE DES LIONS POUR FÉDÉRER LA RELÈVE

Comment est organisée la structure du Lions Club des Bastides du Périgord ?

Nous sommes une association de loi 1901. Nous sommes aujourd’hui 26 membres de tous les âges, répartis dans différentes commissions : celle de l’action sociale, celle des apprentis, de la communication. Nous avons aussi la commission de l’écologie et de l’environnement qui organise la Fête de l’Arbre, la commission  de la Fête des vins ou encore la commission des panettones.

Pour ce qui est des subventions, nous n’en avons aucune et nous n’en demandons pas. Ce n’est pas dans l’esprit du Lions Club. Le principe est de distribuer et de participer à des causes grâce aux revenus générés par nos différentes actions.

Comment intègre-t-on le Lions Club des Bastides du Périgord ? À combien s’élève la cotisation ?

Cela peut se faire par acte de candidature, notamment en nous sollicitant lors de nos actions, ou par parrainage. Une fois accepté au sein du Club, la cotisation est de 40 euros par mois. Elle permet de financer un repas mensuel, d’entretenir notre local et de payer les charges. Certes, ce montant élevé exclut certaines personnes qui aimeraient nous rejoindre. Mais comme nous avons toujours besoin de bénévoles, ces personnes peuvent toujours venir nous prêter main forte lors de différentes actions.

Quel est le problème majeur auquel vous faites face aujourd’hui ?

La difficulté est de renouveler les membres du Lions Club car il existe un vieillissement général des bénévoles dans toutes les associations. Et encore, à l’est du Périgord, nous sommes bien lotis. Lorsqu’on se réunit avec les autres clubs locaux des environs, on se rend compte que du côté de Castillon ou de Sainte-Foy-la-Grande, il y a un besoin de sang neuf et de nouvelles recrues pour prêter main forte à leurs actions. 

Comment peut-on s’organiser pour sensibiliser la relève ?

Si vous avez la recette, donnez-la moi. Le fait d’organiser beaucoup d’événements où nos actions sont visibles, où elles sont expliquées, où nous montrons que nous nous bougeons pour les autres, cela change l’image que les gens ont de nous.

Quelle est donc cette image que vous vous attelez à faire évoluer ?

On souffre de cette image élitiste de nantis qui organisent des repas entre eux et qui signent un chèque à la fin du mois. Or, la vérité c’est qu’on se bouge. Pour ma part, je ne pourrais pas croiser les bras et faire un chèque à la fin. Pourtant, c’était moi-même l’image que j’avais du Lions Club avant d’y entrer. En partant de ce postulat, c’est vrai que cela complique le recrutement de nouveaux membres. On essaye de faire changer les mentalités.

Propos recueillis par Valentin Nonorgue, le 5 février 2024.