B For you, le réseau des amoureux du Bergeracois
Marie Grasseau est responsable de la promotion et de la communication à l’office du tourisme ‘Quai Cyrano’ de Bergerac. Passionnée par le Pays de Bergerac, voilà 8 ans qu’elle a créé le réseau d’ambassadeurs ‘B for You’ avec lequel elle part fréquemment à la (re)découverte des pépites du territoire.
Coup de projecteur sur cette initiative qui permet à chacun d’être acteur de la promotion du Grand Bergeracois.
Comment l’idée du réseau B for You a-t-elle émané ?
Il y a 8 ans, nous avons dû faire face à une diminution des subventions pour le fonctionnement de l’office du tourisme. Avec l’émergence des réseaux sociaux, nous avons constaté que 50% des fans du Pays de Bergerac sur Facebook étaient des acteurs locaux. En parallèle, nous avons mis le doigt sur le fait que les actions de promotion du territoire étaient destinées au marché français et européen, mais jamais – ô grand jamais – à destination des habitants du territoire. Nous avons décidé de monter une opération pour rendre hommage aux habitants du Pays de Bergerac qui portaient haut et fort les valeurs et les couleurs de ce territoire.
Qu’avez-vous proposé ?
L’idée est de leur proposer une carte d’avantages lorsqu’ils visitent certains sites. Quand leur famille et leurs amis viennent, ils leur font souvent visiter les mêmes sites. Sauf qu’en tant qu’habitant du territoire, il peut être embêtant de payer systématiquement les entrées.
Qui peut devenir ambassadeur ? Et quels sont les avantages ?
La carte d’ambassadeur B for You est accessible gratuitement à n’importe quel “aficionado” du territoire, qu’on soit du coin ou qu’on vienne régulièrement en vacances. Voilà qui nous permet d’être plus de 850 ambassadeurs du Pays de Bergerac. Cette carte est valable à vie et permet d’avoir des gratuités dans un certain nombre de sites partenaires, à la condition sinequanone d’être accompagné à minima d’un adulte qui paiera la visite. Nous proposons également une remise de 10% chez des producteurs locaux et vignerons partenaires. Les restaurateurs partenaires de l’initiative offrent un café à la table de la personne qui a présenté sa carte d’ambassadeur.
Quelles activités proposez-vous pour animer ce réseau d’ambassadeurs ?
J’organise les “Rendez-vous B for You” à un intervalle régulier d’environ deux mois. Ce sont des journées où tous les ambassadeurs sont conviés à la visite gratuite d’un site, suivie d’un restaurant, qui est lui, est aux frais de chacun. C’est l’occasion de (re)découvrir des sites très connus avec, souvent, un traitement de faveur. Nous sommes récemment allés au Château de Biron, où un guide nous a offert une visite génialissime de 2h30. J’essaye aussi de faire découvrir de plus petits sites du Pays de Bergerac, ou limitrophes, comme le musée de La Rue du temps qui passe, à Allas-les-Mines. Nos sorties touchent à tous les domaines : d’un guide conférencier nous parlant de la Résistance à Bergerac à la visite d’une briqueterie. En général, nous sommes une quarantaine de personnes du réseau lors de chaque sortie. Les ambassadeurs me font vraiment confiance dans l’organisation des sorties. Parfois, ils jouent le jeu de s’inscrire sans savoir à l’avance le programme de la sortie. Ce qui donne lieu à des activités originales, comme l’hiver dernier où je leur ai fait faire la dictée de l’association Périgord-Québec.
Qui sont les structures partenaires du réseau B for You ? Y a-t-il des critères de sélection ?
Nous avions constitué un socle de base avec des structures qui nous ont suivis d’emblée. Ce cercle évolue puisque nous sommes en recherche permanente de nouveaux partenaires, mais aussi car certaines enseignes changent de responsables. Pour le coup, cette opération séduit davantage les organismes qui ont besoin de reconnaissance, plutôt que les grands sites touristiques. Le Château de Monbazillac, par exemple, s’est retiré du programme cette année. Et cela est compréhensible puisqu’il se suffit à lui-même en termes de rayonnement. À la base, nous n’avions pas établi de critères pour nouer un partenariat avec quelque structure. Dès qu’on recense le moindre souci, nous avertissons le partenaire en question et nous le retirons du programme. Mais cette situation est arrivée seulement deux fois en huit ans.
Avez-vous observé des valeurs et intérêts communs parmi vos “aficionados” ?
J’ai vraiment été surprise au lancement de l’opération car je pensais que les avantages tarifaires allaient attirer beaucoup de monde. Au final, c’est surtout l’envie et la demande de sorties de qualité qui a dominé. Les ambassadeurs du réseau ont un niveau de culture assez élevé.Je fais souvent rire mes collègues car je suis la plus jeune du groupe, la plupart des membres étant retraités et issus de catégories socio-professionnelles ++. Ils recherchent plus que la sortie basique au marché du coin et sont dans une démarche de qualité dans la restauration et dans les prestations d’activités proposées. En fait, très peu de membres utilisent la carte d’avantage tarifaire. Ils sont vraiment intéressés par le fait de découvrir un maximum de “pépites” sur le territoire pour y amener par la suite leur famille et leurs amis.
Comment faites-vous pour évaluer l’impact de votre action sur le tourisme du Pays de Bergerac ?
Cela aurait été génial de pouvoir comparer les flux de visiteurs journaliers de nos différents partenaires. Nous avons essayé de mettre en place des retours d’expérience mais peu de membres le font. Et puis il est compliqué d’imposer au site partenaire un traitement particulier au niveau de la caisse lorsqu’un ambassadeur y vient. Certains partenaires nous disent qu’ils ne voient jamais d’ambassadeurs B for You. Pourtant, la plupart de nos membres viennent, mais ne se manifestent pas comme tels. Ils ne sont pas là pour économiser de l’argent, mais vraiment pour faire découvrir le patrimoine du territoire. Certains l’ont compris et sont contents de l’opération. Nous avons même un site partenaire qui gratifie nos ambassadeurs d’une bouteille lorsqu’ils lui rendent visite.
Quels sont les axes principaux à développer pour améliorer l’impact du réseau B for You ?
Nous cherchons toujours à améliorer nos actions, notamment en étoffant le réseau et en tentant d’impliquer davantage les collectivités. J’aimerais que ces dernières prennent possession du projet. Cette opération permet de valoriser les territoires. J’aimerais avoir le temps d’aller dans toutes les collectivités du Pays de Bergerac pour faire une carte à chaque agent de territoire.
Parmi les ambassadeurs, plutôt des habitants du territoire ou des personnes qui y séjournent régulièrement ?
Globalement, nous retrouvons peu de purs Bergeracois. Nombreux sont les inscrits qui sont originaires du Nord de la France et qui ont besoin de découvrir le territoire en profondeur. La communauté est assez cosmopolite avec des Belges, des Anglais, une Américaine, une Allemande, un Irlandais. Mais les personnes venant de la région peuvent aussi être surprises. Moi la première, puisque je suis du coin et je pensais tout connaître. Mais heureusement, on ne connaît jamais tous les sites donc ça laisse toujours de la latence pour découvrir des curiosités.
Les sorties touristiques sont aussi un vecteur de lien social entre les membres…
Après les sorties, je reçois des messages de remerciement de la part des ambassadeurs. Ils parlent beaucoup entre eux, et certains s’adonnent désormais à d’autres activités en dehors du programme. Nous avons par exemple deux mamies qui s’y sont rencontrées et qui font maintenant de la marche ensemble. Une dame veuve m’a confié que ses seules sorties étaient celles du groupe B for You. J’ai vraiment l’impression de créer du lien de façon détournée, et toujours lors de moments sympathiques.
Quel rôle joue cette notion de groupe et de coopération entre les membres pour valoriser plus efficacement le territoire ?
C’est bien sûr essentiel de coopérer pour valoriser le territoire et ce qui s’y trame. Prenons le cas du petit musée La Maison John et Eugénie Bost, à La Force. Il traite de sujets peu joyeux que sont le protestantisme et le handicap. S’il n’y a pas ce phénomène de coopération et de bouche-à-oreille local, ce sont des structures qui peuvent malheureusement avoir vocation à disparaître un jour…
Propos recueillis par Valentin Nonorgue.