"L'agriculture et moi" : Mehdi Chraïbi, de l'association Les Râteleurs et la Sécurité sociale alimentaire

Quel est votre regard sur la crise agricole et ses causes principales ?

Je ne suis pas spécialiste de la situation agricole et des origines de ses maux. Je pense cependant qu’il faut changer de système alimentaire et agricole à l’échelle nationale en partant depuis l’échelle locale. Il est important de tendre vers des modèles qui soutiennent l’agro-écologie afin de cultiver la terre de manière plus respectueuse et de cultiver pour soi-même. Nous mangeons tous, plusieurs fois par jour, donc il est essentiel de cultiver des aliments sains et de savoir ce que nous mettons dans nos assiettes.

Vous portez donc un projet de Sécurité sociale de l’alimentation ?

En effet. Par ce biais, nous souhaitons soutenir des producteurs locaux et engagés plutôt que la grande distribution ou autres systèmes agro-industriels et néolibéraux qui ne nous conviennent pas. La Sécurité sociale de l’alimentation permet à ses bénéficiaires d’avoir une carte vitale disposant de 150 points de monnaie alimentaire. Cela repose sur un schéma de cotisation similaire au système de santé mis en place en France. Comme pour se procurer des médicaments en pharmacie, les gens vont dans des établissements conventionnés afin d’acheter des produits frais, locaux et de qualité.

Où en est la mise en place du projet ?

Le lancement de l’expérimentation a eu lieu le 19 mars. Elle se déploie sur quatre territoires : Bordeaux, le Sud-Gironde, Captieux, Bègles et le Pays foyen.

C’est donc un projet qui s’adresse directement aux consommateurs. Quel est le rôle des citoyens dans le système alimentaire et agricole actuel ?

Nous sommes tous des mangeurs et des mangeuses. Les producteurs le sont et les consommateurs le sont tous aussi. Partant de ce constat, notre façon de manger et de remplir notre assiette relève d’un choix politique. Il est ainsi intéressant de privilégier des produits locaux et de saison, de préférer cuisiner plutôt que de manger des produits transformés. On y ajoute le compostage et le jardinage qui sont à la portée de tous.

Selon nous, ces pratiques alimentaires peuvent aussi permettre de créer du lien entre les consommateurs, de rompre l’isolement et de lutter contre la précarité. D’où l’intérêt de faire de l’éducation populaire pour créer, à terme, de nouveaux modèles sociétaux.