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"L'agriculture et moi" : Pascal Martin, co-fondateur d'Au Ras du Sol

Photo de Pascal Martin, co-fondateur d'Au Ras du Sol.

Pascal Martin, coordinateur de projet chez Au Ras du Sol, nous parle d’un cercle vertueux du traitement des déchets organiques. Des poubelles du consommateur vers le sol du producteur, il n’y a qu’un pas. Au Ras du Sol tend ainsi à faciliter la création de ces liens nourrissants.

Comment la situation actuelle du monde agricole a-t-elle impacté votre activité ?

La crise du milieu agricole nous a mécaniquement portés vers les agriculteurs. Nous travaillions principalement sur la valorisation des matières organiques en zone urbaine. Avec cette crise, nous avons pris conscience de deux choses : l’aberration de produire du compost, qui est un fertilisant, pour le garder en ville; et le fait que les agriculteurs aient besoin de matière pour nourrir leur sol. De suite, nous avons pensé à utiliser les gros volumes de compost et de déchets végétaux des villes pour apporter de la matière organique aux agriculteurs.

Où en est le niveau de conscience générale vis-à-vis de ce besoin de valoriser les déchets organiques ? 

Il commence à y avoir une synergie entre les producteurs alimentaires, les consommateurs et des structures comme la nôtre qui valorisent la matière issue des déchets organiques. La conscience commence à s’éveiller et les établissements consommateurs de nourriture se rendent compte qu’il est plus avantageux de ramener leurs déchets organiques chez l’agriculteur voisin. Cela leur permet de traiter leurs déchets vertueusement et de rencontrer un agriculteur capable de leur proposer des aliments de qualité pour leur cantine. Il est donc essentiel de mettre en lien tous ces acteurs pour créer un cercle vertueux.

Comment se positionne Au Ras du Sol quant à ce besoin de créer du lien ? 

Nous sommes des facilitateurs de lien. L’idée est de faire se rencontrer les acteurs, de créer des moments de concertation, de permettre aux gens d’exprimer leurs besoins et de connecter un aidant et un demandeur. Nous l’avons fait avec les élagueurs-paysagistes de Saint-Antoine-de-Breuilh qui avaient besoin de porter leurs déchets verts à un endroit plus proche que la déchetterie. Ils apportent désormais leurs végétaux directement chez l’agriculteur, nous les stockons et nous faisons un broyage une fois par an. Le broyat est ensuite utilisé sur l’exploitation de l’agriculteur pour nourrir son sol.

Quel besoin avez-vous pour rendre plus efficaces vos actions ?

Aujourd’hui, il est impératif d’avoir des temps de discussion entre ces différents mondes qui apprennent à travailler ensemble. Tous ces moments d’animation portés par Au Ras du Sol ne sont pas financés. Pourtant, ce sont des temps de concertation qui permettent de faire évoluer les choses. Cela mériterait d’être financé. Car l’animation collective est un véritable métier. Faire en sorte que des personnes n’ayant pas les mêmes visions trouvent un accord, réussissent à travailler ensemble plutôt que de s’attarder sur les divergences, c’est du travail qui n’est que trop rarement financé. Voilà le frein majeur sur le montage de ce type de projet.

Propos recueillis le 20 mars 2024 par Valentin Nonorgue.