Le Haillan (33) : des trottinettes électriques à disposition des agents municipaux

Cette semaine la lettre de l’impact positif donne la parole à la mairie du Haillan, en Gironde (33), qui a décidé de faire circuler certains de ses agents municipaux à trottinettes électriques. Elles se révèlent plus pratique que le vélo et moins polluante que la voiture. Peu à peu, les engins entrent dans le quotidien des agents. Ces derniers ont été formés à leur utilisation.

Pour avoir des précisions sur ce projet, nous avons interviewé Michel Reulet, conseiller municipal et délégué à l’Agenda 21 de la ville du Haillan.

Sommaire:

– Mise en place du projet –

D’où vous est venue l’idée de cette initiative ? 

Nous nous sommes intéressés aux solutions innovantes et alternatives au vélo, que nous jugeons un peu encombrant dans certains usages, à l’occasion du plan de mobilité, à destination des agents municipaux, réalisé par la ville.

À quels enjeux de votre territoire répond-elle ? 

Nous voulions résoudre la problématique de déplacement de certains de nos agents entre différents sites et sur un laps de temps réduit. En particulier, nous souhaitions trouver une solution pour les agents du service jeunesse qui accompagnent tous les matins les enfants dans le bus scolaire et qui doivent ensuite rejoindre rapidement leur poste de travail, situé dans un autre secteur de la commune.

Pour résoudre cette problématique, nous avons glissé des trottinettes dans la soute du bus. Cette alternative à la voiture vient rejoindre les autres solutions de déplacements proposées par la ville dans le cadre de son plan de mobilité des agents municipaux. Désormais, plusieurs moyens de transport leur sont proposés : des vélos (avec le prêt et l’indemnité kilométrique vélo), des vélos électriques pour les trajets sur le temps de travail (avec une proposition de mutualisation d’achat pour les agents), des transports en commun avec la prise en charge légale de 50% de l’abonnement, du covoiturage avec la mise en relation des agents intéressés grâce à la cartographie des lieux de résidence et la possibilité de faire du télétravail.

Parmi les différentes solutions de mobilités pourquoi avoir choisi la trottinette ?

La trottinette électrique n’est pas la seule solution de mobilité retenue par la ville, mais elle a été jugée plus adaptée à certains usages. Elle permet notamment d’être transportée dans un autre véhicule. C’est aussi une façon de motiver les jeunes agents plus facilement, avec une proposition moderne et ludique.

Quelles ont été les étapes de mise en place de l’initiative ?

En premier lieu, nous avons choisi un partenaire, Mobistreet. Ensuite, nous avons validé le projet sous forme de test pendant un an avec un budget de 6450€ / an pour sept trottinettes. Le 20 juin 2019, nous avons signé le contrat avec Mobistreet incluant la livraison, la formation des agents, la maintenance, la gestion de flotte et l’assurance. En août 2019, les agents ont commencé à utiliser les trottinettes. Nous ferons un bilan en mai 2020 avec le taux d’utilisation et une enquête auprès des utilisateurs.

Avec quel acteur travaillez-vous ? 

La ville a étudié plusieurs solutions et le choix s’est porté sur Mobistreet.

– Le projet aujourd’hui –

Au quotidien comment se déroule cette initiative ? 

Les agents ont téléchargé l’application sur leur smartphone afin de pouvoir débloquer les trottinettes au moment de leur utilisation. Les sept trottinettes sont affectées aux services généraux et au service jeunesse, à la disposition d’une cinquantaine d’agents préalablement formés. Ils peuvent les utiliser à tout moment durant leurs heures de travail pour se rendre d’un site à l’autre. L’ensemble des trottinettes doit cependant être réacheminé systématiquement en fin de journée aux bornes localisées dans les locaux des deux services.

Quels sont les moments où les agents peuvent utiliser les trottinettes ?

Sur le temps de travail, donc en journée. Pour l’instant, la possibilité n’est pas donnée de les utiliser sur les déplacements domicile-travail.

Comment avez-vous géré les problématiques liées aux assurances ?

Le contrat Mobistreet inclut une assurance pour les agents utilisateurs (à partir du moment où ils ont été formés). De surcroît, la ville a souhaité mettre en place une attestation sur l’honneur à signer par l’agent, qui l’engage sur un certain nombre de points de sécurité. Enfin, c’est l’assurance de la ville qui prendra en charge les éventuels vols d’équipements dans les locaux.

Vous évoquez le bien-être que cette solution de mobilité peut apporter ?

La trottinette présente un aspect ludique quand on l’utilise, c’est un peu un retour en enfance ! C’est aussi l’occasion de prendre un grand bol d’air entre deux réunions, ou entre deux animations.

Pourquoi pensez-vous que cela peut montrer l’exemple aux citoyens ?

Accessible à un grand nombre de personnes, il n’y a pas d’effort physique à faire et c’est simple d’utilisation. C’est une solution efficace pour se déplacer rapidement.

Pensez-vous à adapter le cadre législatif et votre territoire pour favoriser ce type de mobilité ?

Nous verrons à l’usage. Pour l’instant, le choix est fait de demeurer sur la législation « par défaut » le temps du test. Nous nous reposerons la question au moment du bilan.

– Dupliquer le projet –

Comment va se dérouler le bilan de cette expérimentation en 2020 ?

Nous allons prendre en compte les retours de tous les utilisateurs et des chefs de service. Nous analyserons également les données de terrain.

Quels impacts attendez-vous pour cette initiative ? 

Nous souhaitons être reconnus comme une ville ayant traité la mobilité comme une priorité, en proposant des solutions originales.

Quel coût pour cette expérimentation ? Et pour une généralisation ? 

Pour l’instant, le coût total est de 6450€/an. C’est difficile de généraliser ce type de mobilité qui ne plaît pas forcément à tout le monde et qui ne convient pas à tous les usages. En fonction des retours, en 2020, nous pourrons éventuellement étendre l’offre à d’autres services de la collectivité mais cela restera sans doute limité.

Quelles sont les difficultés rencontrées ? 

Nous avons rencontré des difficultés d’adaptation des agents. Certains opposaient une résistance au changement par rapport à la modification de leur comportement habituel de déplacement. Il a aussi fallu s’adapter à l’utilisation du matériel : trouver l’équilibre, anticiper le freinage, etc. Cela pouvait créer un blocage psychologique à cause de la sensation de vulnérabilité par rapport au vélo.

Enfin, nous avons eu affaire au souci du respect d’un certain nombre de règles et d’un comportement approprié dans l’utilisation des trottinettes pour minimiser la prise de risque des agents, et donc de l’employeur.

Quels conseils pouvez-vous donner à un élu souhaitant se lancer dans ce type d’initiative ?

Penser à l’utilisation des trottinettes électriques comme un moyen de déplacement complémentaire à d’autres (vélo, vélo électrique…) et ne pas en espérer d’avantage. Aussi, il est nécessaire de faire un test avant de généraliser ce mode de déplacement pour susciter l’intérêt des agents. Et évidemment, bien former le personnel.

Propos recueillis par Baptiste Gapenne