Des cours de français pour les parents au sein des écoles

La lettre de l’impact positif s’intéresse cette semaine à une initiative de la ville de Garges-lès-Gonesse. La mairie propose aux parents d’élèves de venir deux fois par semaine au sein de l’école que fréquentent leurs enfants pour bénéficier de cours de Français. Ainsi la commune s’adapte au mieux aux disponibilités des familles et favorise leur intégration sur le territoire.

Territoires-Audacieux.fr s’est rendu sur place pour rencontrer Meltem Sahindal, cheffe du service Actions Educatives à la mairie de Garges-lès-Gonnesse.

Retrouvez notre reportage d’introduction :

Sommaire:

– Mise en place du projet –

Comment vous est venue l’idée ?
Notre service a eu une commande politique. Les élus ont identifié qu’il y avait un besoin sur le territoire par rapport aux mamans qui souhaitaient bénéficier de cours de français. Au niveau des services municipaux de la mairie, il existe une structure : la maison des langues. Elle propose des formations de langues aux adultes Gargeois. Malheureusement, les élus ont constaté que certaines mamans ne pouvaient pas en bénéficier à cause de leurs emplois du temps. Les créneaux proposés n’étaient pas en adéquation avec le temps scolaire. Les élus ont proposé une offre à ces mamans : déplacer les cours de français proposés par la structure au sein de nos écoles. Cela crée aussi davantage de liens entre les mamans et les enseignant·es et directeur·rices. De plus, cela permet de faire participer ces mamans à la vie de l’école. En effet la barrière de la langue à laquelle elles se trouvent confrontée rend cette participation difficile

Votre idée était d’attirer des nouvelles personnes pour ces cours ?
Ces personnes n’avaient soit pas connaissance de la structure qui existe, soit ne pouvait pas participer car les horaires proposés ne leur convenaient pas. Certaines personnes avaient également la crainte d’intégrer une nouvelle structure. C’est pour cela que l’école est une bonne idée. C’est une structure qu’elles connaissent déjà. C’est en cela que l’école est est un choix judicieux puisque elles connaissent ce lieu, elles y déposent leurs enfants le matin, une confiance est déjà installée ce qui permet d’attirer les mamans dans ce dispositif.

En quoi est-ce important pour elle d’apprendre le français ?
Nous constatons aujourd’hui que le fait que certains parents ne sachent pas parler français leur donne des difficultés à accompagner leurs enfants durant leurs scolarités. Apprendre le français permet aux parents de s’informer des différents dispositifs qui existent autour de l’école et de suivre le parcours et les résultats de leurs enfants. En ayant la maîtrise de la langue française, les parents vont pouvoir soutenir davantage leur rôle de parent.

Quelles ont été les différentes étapes de mise en place du projet ?
Tout d’abord,  il y a un an et demi, il y a eu le constat d’un besoin. Ensuite, la ville a expérimenté la mise en place de ces cours de français dans trois écoles avec des directions scolaires volontaires. Nous avons vu un résultat très positif avec une assiduité des parents très importante. Ce qui a permis de confirmer le besoin identifié et l’adéquation de la solution apportée. La ville a souhaité cette année mettre en place ces cours de français sur l’ensemble des écoles. Techniquement, il y a eu une phase d’identification des lieux pour savoir dans quelles écoles et quelles salles les cours pouvaient se dérouler. À Garges, nous avons installé ces cours au niveau de toutes les salles périscolaires. De plus, il fallait que ces lieux soient simples à trouver et facile d’accès. Depuis la mise en place du plan Vigipirate, il y a une sécurisation sur l’ensemble des écoles. Il faut intégrer ces contraintes techniques dans l’organisation pour que les cours se passent au mieux et éviter que les parents ne perdent du temps. Dernièrement, il fallait s’assurer qu’il y avait le matériel nécessaire permettant à l’intervenant·e de faire son cours correctement.

– Le projet aujourd’hui –

Comment l’initiative fonctionne-t-elle au quotidien ?
Le programme des cours permet aux parents d’apprendre à lire, à écrire et à échanger dans un groupe. Les cours de français se déroulent deux fois par semaine, en deux demi-journées. Les cours commencent à 8 h 45, car les écoles commencent à 8 h 30, ce qui donne le temps aux parents d’arriver.

Cette question des horaires était très importante…
Parce que c’est un frein pour certaines mamans de pouvoir bénéficier de cette formation. Elle existait pourtant à la Maison des langues. Les horaires n’étant pas en adéquation avec l’emploi du temps des mamans, ces dernières ne pouvaient pas s’organiser.

Quels sont les différents profils des parents qui assistent à ce cours ?
Nous avons des mamans de différentes origines. Ces mamans peuvent être célibataires, en couple ou mariées. Il y a une mixité sociale. Avant d’accéder aux cours, les familles adressent leurs demandes. Ensuite, elles passent un test à la maison des langues pour identifier leurs niveaux. Si le parent a un niveau trop élevé dans la maîtrise de la langue française par rapport à ce qui est proposé dans le dispositif de l’école, la maison des langues l’oriente vers un autre dispositif qui existe sur la structure. j’enlèverais cette phrase car on s’en doute :Si le niveau correspond au dispositif qui est proposé au niveau des écoles, le parent est intégré.

Cela fait partie d’une politique plus générale de la ville ?
Actuellement, la maison des langues dispose d’intervenants à travers leurs propres cours de français. C’est cadré à travers un marché public. Il y a un engagement entre la mairie et le prestataire. Le besoin des cours de français dans les écoles est intégré au cahier des charges de ce marché avec la maison des langues.

– Dupliquer le projet  –

Quel est le budget de l’initiative ?
Le budget pour les cours de français au sein des écoles représente 90 000 euros par année pour neuf groupes d’environ quinze adultes sur le territoire. Cela rentre dans le cadre de notre « maison des langues » qui reçoit des subventions du CGET, de la Région et de l’Europe.

Avez-vous mesuré l’impact ?
L’expérimentation s’est déroulée l’an dernier. Nous avons déployé concrètement l’initiative dans sa version finale cette année scolaire. En terme d’évaluation, c’est tout frais. Cependant, nous pouvons voir à travers les échanges avec les directeurs·rices des écoles que c’est positif. Les mamans échangent plus avec les enseignant·e·s, même si ce ne sont que quelques mots au départ.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
Il n’y a pas de difficulté en ce moment. Au moment de la mise en œuvre, il y a eu une clé de réussite qui était le partenariat avec l’éducation nationale. Autant sur la partie logistique que sur la partie sensibilisation auprès des familles. L’objectif n’est pas d’appeler toutes les familles qui souhaitent participer aux cours de français, mais d’identifier les parents qui en ont vraiment besoin. Ici, le partenariat de chaque directeur·rice est très important puisque nous avons identifié les familles avec eux.

Propos recueillis par Baptiste Gapenne