Géolocaliser les bus et payer son ticket par sms, c’est possible !

Cette semaine la lettre de l’impact positive est consacrée à l’agglomération du Grand Verdun. Pour faciliter l’usage de ses transports en commun, la collectivité propose deux services à ses habitants. Le premier est un moyen de paiement : les utilisateurs peuvent désormais acheter (sans surcoût) des tickets unitaires par sms. Le second concerne la géolocalisation de chaque bus afin de mieux rebondir en cas de perturbations. Et cela marche ! Depuis la mise en place de cette initiative, l’agglomération a observé une nette diminution des réclamations des usagers.

Nous avons interviewé Jessica Bachelet, Responsable Eau Assainissement Transport Hydraulique à l’agglomération du Grand Verdun pour en savoir plus sur cette initiative.

Sommaire:

– Mise en place du projet –

Comment vous est venue l’idée de travailler autour d’un ticket unitaire par sms ? 

En 2016, nous avons effectué une visite à Rouen dans le cadre du lancement de la navette autonome sur les quais de seine de la ville. En empruntant le réseau de transport de la ville, nous avons découvert un service similaire que nous avons jugé très opportun. En effet, la part des tickets unitaire vendus représente environ 18 % des ventes. Nous devions agir pour proposer une solution efficace.

Avant la mise en place, comment êtes-vous arrivés jusqu’à ce concept ?

Nous avons commencé par une présentation du projet à nos élus afin de prendre la température. Nous avons ensuite organisé une rencontre avec la start-up Atsuké qui propose ce service. Nous avons ensuite mis en place puis signé une convention. Cette convention a été réalisée entre notre délégataire Transdev et l’entreprise Atsukè.

Comment s’est déroulée la mise en place ?

Il faut imaginer que le délai entre la contractualisation et le lancement est rapide. Il nous a fallu 8 semaines. Cela est favorisé par le fait que la mise en place ne nécessite pas l’acquisition de matériel spécifique. Le projet est composé de cinq grandes étapes : la contractualisation, le raccordement du numéro court, la mise en place de spécifications fonctionnelles, la formation des agents et la communication.

Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Il n’y a pas de difficulté particulière si ce n’est qu’il faut mettre l’accent sur la communication. C’est la clé pour une utilisation de ce service. C’est quelque chose de relativement simple pour l’usager. Il envoie le mot TIV au 93055. En retour, il reçoit un SMS à présenter au conducteur faisant office de ticket unitaire. Pas besoin de posséder un téléphone dernière génération, un simple portable est suffisant. En revanche, il faut que nos usagers aient connaissance du service pour l’utiliser. Il y a également un autre frein, le service ne fonctionne qu’avec certains opérateurs : Orange, Bouygues Télécom et SFR.

Grâce aux nouvelles technologies vous avez également réussi à mettre en place un suivi des bus ? 

En effet, en parallèle du déploiement de la vente de ticket unitaire par sms, nous venons de mettre en place un service de géolocalisation des bus en lien avec une autre start-up (Zen Bus). L’usager peut ainsi, grâce à une application gratuite, voir en temps réel l’ensemble des lignes urbaines de notre réseau. Il peut ainsi très rapidement identifier l’arrêt le plus proche, le temps d’attente et prendre connaissance des perturbations sur le réseau (travaux).

– Le projet aujourd’hui –

Comment le concept du ticket par sms fonctionne-t-il ?

Pour l’utilisateur, il suffit d’un sms en envoyant le mot TIV sur un numéro dédié (93055). Le prix du sms est de 1€ soit le coût de vente du ticket unitaire. Il n’y a donc pas de surcoût. L’usager présente le SMS au conducteur qui vérifie grâce à quelques éléments visuels que le ticket est conforme. La validité du ticket est la même : 1h.

Quels en sont les avantages ?

Les usagers ne sont plus obligés de disposer de monnaie. C’est un gain de temps pour le conducteur qui n’est plus obligé de rendre cette monnaie. De plus, le service est immédiat. Le temps entre l’envoi du SMS et le retour est de quelques secondes. C’est très efficace chez les jeunes. Ils disposent tous d’un téléphone portable mais n’ont pas systématiquement de l’argent sur eux.

Sur le suivi des bus, qu’est ce que cela change dans le quotidien des usagers ? Et dans le quotidien des agents qui gèrent le réseau ?

Cet outil permet aux usagers de connaître précisément le temps d’attente à l’arrêt et de disposer d’une meilleure connaissance du réseau. D’un clic, l’usager peut prendre connaissance de l’ensemble des lignes passant à l’arrêt de son choix. Pour la collectivité, cela lui permet d’avoir un droit de contrôle sur le délégataire et de vérifier le respect des fiches horaires. Il nous permet également d’apporter des réponses précises lors des réclamations déposées par les usagers : plainte de retard, de passage en avance… Le délégataire a également choisi de prendre l’option avance retard qui permet aux conducteurs de connaître, en temps réel, son avance et son retard et d’adapter sa conduite en fonction pour régulariser au mieux cet écart.

Est-ce un projet qui demande beaucoup d’engagement de la part de la collectivité ?

Pour notre part, nous avons confié cette prestation à notre délégataire qui s’est chargé d’équiper l’ensemble des bus de téléphone portable. En effet, même si la prestation ne nécessite pas des moyens matériels démesurés, il est primordial que chaque bus dispose d’un téléphone et d’une source d’alimentation en continue. Ce service impacte les conducteurs qui doivent penser à activer l’application au départ de chaque service.

– Dupliquer le projet  –

Quelles premières mesures d’impact avez-vous sur l’efficacité ?

C’est un outil simple, efficace et adaptable. En effet, lors du lancement de la navette autonome, nous avons demandé au prestataire d’intégrer cette nouvelle ligne dans l’application. C’est un outil qui peut perpétuellement évoluer. Nous constatons très significativement une baisse des réclamations des usagers.

Quels retours avez-vous des citoyens ?

C’est un retour plus que positif et plus particulièrement des jeunes ou des étudiants pour qui c’était une réelle demande. En effet, la complexité d’un plan et d’une fiche horaire pouvaient représenter un frein à l’emprunt d’un service de transports.

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui veut se lancer dans ce domaine ?

Il faut bien communiquer en amont du lancement de ces services. Il faut également relancer régulièrement des opérations mettant en valeur ces services. Nous avons, à cette occasion, rendu les services de transports gratuit pour ceux qui utilisaient les tickets SMS lors de la semaine de la mobilité. Il ne faut pas avoir peur de la mise en service, qui comme j’ai pu vous le dire ne nécessite pas d’investissements démesurés.

Combien ces deux initiatives vous ont-elles coûtés ?

Pour le système de tickets par SMS, la mise en place coûte 6 500 € HT. Puis c’est un abonnement annuel de 6 000 € HT ainsi qu’un coût par SMS de 4 centimes. Pour le service proposé par Zen Bus, nous avons dépensé 10 000 € pour le déploiement. L’abonnement annuel est par la suite de 4000 €.

Quels sont les écueils à éviter dans ce type de projet ? 

Le véritable écueil serait de partir sans communication. Si vous menez un projet et que vous réalisez des investissements, il faut que les citoyens soient au courant. Il a fallu que nous en parlions dans la presse mais aussi avec des campagnes d’affichage. Il faut également prévoir du budget pour cela.

Propos recueillis par Baptiste Gapenne